Trophées Gérard Jumeaux à Carole, sept 2020

[Ded31]

Marcos, c'tait une belle voiture aussi !

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P'tiot j'en ai vu courir au Mans, pas un mais des... Marcos.
Oh, c'était pas des GT40 nan, plutôt une petite entreprise de passionnés.
Et ça j'y aime bien moi.

[Marco]

Merci Marco.
Et ta Grosse Tête, a-t-elle fait bonne figure ?

CB

Salut Captain,
oui, mais pas plus que ça... faut dire qu'au stand du Triton, les belles motos ne manquent pas.
Et aussi, même chez ces amateurs d'anglaises classiques, les Royal-Enfield semblent peu connues, à part celles de l'ami Serge.
Les Royal n'ont pas l'air de dégager la même image Rn'Roll que les Triumph, elles n'ont pas cette saveur de sportives radicales que trainent les Triton, pas le même aspect cambouis-roots-huile chaude, ferraille et roule-toujours qui colle aux BSA et pas non plus le même aura que les Norton ou autres Velocette qui sont plutôt "snob", limite aristocratique...
En fait, les Royal-Enfield sont plutôt confidentielles, trainant davantage une réputation de motos sages autant que de moto qui ne marchent pas très bien (ce qui est faux). Leur passé de sportive est quasi inexistant, si ce n'est le palmarès des Bullet en trial, presque oublié de nos jours.
Les Royal étaient rares en France dans les années 70 et elles le sont toujours chez les amateurs actuels d'anglaises classiques.

Les gars qui viennent me voir et me parlent moto embrayent plutôt sur les Interceptor récentes qu'ils songent à acheter pour rouler tous les jours ou pour causer des Bullet-India rafistolées que certains ont connu lors d'un voyage en Inde.

[Jackymoto]

faut dire qu'au stand du Triton, les belles motos ne manquent pas.

les moches non plus d'ailleurs!
Plus je vois ces bazars, plus j'ai envie d'une Norton 88 d'origine!
La Royal Enfield et ses vilains échappements en l'air est le modèle de ce que je déteste...

[fab le motard]

elle est ou la royal avec les échappements hauts ? je ne l'ai pas vu ?

mais quand je vois cette photo



je comprends un peu l'inspiration qu'a pu avoir druid.

[Marco]

elle est ou la royal avec les échappements hauts ? je ne l'ai pas vu ?...

C'est celle-là :

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En fait, ce n'est plus une "Royal-Enfiel", mais une "Norfield" : un twin RE dans un cadre Norton "Fetherbead". C'est la moto de mon pote Ptilouis, membre du club Triton et mécanicien moto de profession... il l'a réalisé il y a déjà longtemps.

Qu'on aime ou pas, faut revenir à l'histoire des bitza Triton pour comprendre la démarche...
Dans les années soixante en Angleterre, le moteur le plus performant de série était le vertical-twin Triumph, notamment le T 120 (celui de la Bonneville) et le meilleur cadre de motos anglaises était le Fetherbead (littéralement "lit de plumes") conçu au départ pour les Norton Manx (350 et 500) qui étaient des motos exclusivement de course. Le Fetherbead a ensuite été monté sur les Norton twin de série. Ce cadre était très rigide (à l'époque, les groupes moto-propulseur étaient encore à BV séparée, ce qui ne favorisait pas la rigidité de l'ensemble moteur-cadre) et il était relativement léger, grâce à sa qualité métallurgique. Ses qualités résidaient notamment dans son dessin particulier, avec un croisement des tubes principaux rejoignant le tube de direction. Il a inspiré d'autres constructeurs, notamment BMW pour ses gammes série 5, 6 et 7 ou encore les fameuses Mammüth de Friedl Münch. Bref, le "fetherbead", c'était "LE" cadre qu'il fallait avoir pour une moto de course.

Plusieurs préparateurs l'ont monté avec différents moteurs issus d'autres motos, mais le twin Triumph était alors un des plus performants et un des plus courants, solide et facile à gonfler. En revanche, les cadres des Triumph n'étaient pas des modèles de rigidité dès qu'il fallait rouler très vite, la faute en partie à leur bras oscillant fixé sur des excroissances du tube de selle au lieu d'être ancré dans des platines du bas de cadre... sous les fortes contraintes dynamiques (les appuis en courbe), le tube de selle entrait en torsion sous l'effort et la moto se mettait à dandiner. Par contre, le Fetherbead Norton était d'une rigidité à toute épreuve et c'est pour ça qu'il état prisé des préparateurs et des pilotes.
Ainsi est né le "Triton" (prononcez "Trailletone"), rien à voir donc avec le batracien. Un Triton, c'est donc le "mariage" d'un moteur Triumph (Tri...) dans un cadre Norton (...Ton) : Tri-Ton !

Par la suite, la généralisation des moteurs "unit" (carter moteur et carter de BV dans les mêmes fonderies) et l'arrivée des cadres périmétriques, en treillis puis en coques soudées et les abaissements de centre de gravité avec des moteurs plus compacts (notamment avec les 2T) ont permis aux constructeurs de produire des motos de course exclusives qui reléguaient au passé les assemblages artisanaux de pilotes amateurs.

Le Triton est resté, devenant un genre spécifique, prisé des amateurs de "cafe-racer" (courses sauvages d'un bistrot à l'autre, originellement sur le "circular road", périphérique londonien), puis de tous ceux qui voulaient une moto rapide fabriquée par eux, dans l'esprit "cafe-racer".

Évidemment, le Triton le plus pur restera toujours un twin Trimph "pré-unit" (à boîte séparée) monté dans un fethearbed "Widline" ou "Slimline" selon la largeur du berceau supérieur. Les platines en dural de fixation du groupe moteur-BV, les commandes reculées, les réservoirs d'huile séparés, les réservoirs d'essence en alu, les moyeux et les jantes, les freins les plus performants, la fourche (idéalement une Roadholder Norton) font partie des pièces spécifiques qui caractérisent un Triton et font l'objet d'un véritable culte... car le Triton, c'est un mythe, une sorte de secte à part dans l'univers des amateurs d'anglaises classiques et dans le monde du Cafe-racer. Et aucun Triton n'est semblable à un autre dans les détails car c'est forcément une moto personnalisée, jamais terminée, toujours en évolution à la recherche du truc en plus, de la pièce rare, si possible d'origine à l'âge d'or des Triton (les années soixante). Il n'y a aucune limite : un Triton peut aussi avoir des carbus et des freins italiens du moment que les pièces sont issues de ce qui se faisait mieux en course à l'époque.

Dans cet univers très particulier, l'originalité peut aussi consister à se faire un "Triton" avec un autre moteur que celui des Triumph, mais toujours avec le cadre Norton Fetherbead. Ainsi, on été assemblés des "racers" à cadre Norton et moteur Vincent, Velocette, AJS-Matchless, Yamaha ou Honda et parfois Royal-Enfield, notamment autour du twin de l'Interceptor qui était alors un des plus puissants et des plus coupleux, quoique plus lourd, plus encombrant et plus fragile que le twin 650 Triumph.

C'est ce bitza qu'à réalisé Ptilouis il y a des années, ce Norfield (contraction de Norton et Enfield)... observez aussi le frein AV Laverda, un des meilleurs de l'époque.
Qu'on aime ou pas ce style de moto, tous les amateurs du genre s'accordent à dire que cette Norfield est aussi bien faite que rare et un beau Triton (ou Norfield) est toujours un chef d’œuvre unique de son réalisateur et c'est là toute la quintessence de cette démarche.

Enfin, pour les "newbies" qui découvrent cette petite tranche d'histoire moto, le terme "bitza" est la contraction orale de "bits of", littéralement "bouts de..."

Marco

[druid]

Tout cela étant parfaitement exact.

[Marco]

Ouais...
Ce qu'il faut rappeler ici, à l'heure où tant de nouveaux arrivants s'extasient sur des "prépa" à la mode absolument commerciales, c'est que le Triton, c'est la quintessence du cafe-racer et de la vraie préparation... un beau Triton qui fonctionne est toujours l’œuvre d'un bon mécanicien moto, très loin des assemblages hétéroclites des pseudos cafe-racer actuels qui ne sont en fait que de pitoyables avatars de motos de course, autour d'un vieux moteur rincé ou d'un moteur récent totalement de série, à part pour l'ablation du filtre à air et de l'échappement d'origine.

Un beau Triton, ça se voit et ça se voit d'autant mieux que ceux qui l'examinent s'y connaissent vraiment. Et ça ne s'arrête pas qu'à l'aspect esthétique : dans les carters (parfois renforcés et en même temps allégés), il y a aussi des arbres à cames affutés, des pistons haute-compression, des circuits d'huiles améliorés, des transmissions primaires allégés... un Triton, c'est fait pour rouler fort ! C'est un truc de "pur et dur", sans concession.
Demandez à un Tritonniste ce qu'il a fait sur sa moto peut entraîner des réponses aussi longues et détaillées que de demander à un vieux de +60 ans comment ça va, juste avant qu'il ne vous détaille la liste de ses troubles de la santé et de la pharmacopée qu'il ingurgite au petit-déjeuner.

Un mauvais Triton, on n'en voit pas car ça ne marche pas : un Triton mal monté est incapable de rouler et un Triton immobile descendu d'un fourgon n'entrainerait que des sarcasmes chez les amateurs de la chose, au point que personne ne s'y risquerait au risque de passer pour un tocard.
Ça ne veut pas dire que les Triton ne tombent jamais en panne, mais là encore, la panne fait partie du jeu et les capacités à s'en démerder confèrent également à l'absolutisme de la chose.

[Utilisateur1]

Triton, Tribsa, Norfield, Velopatinette etc...Carte grise? Assurance?

[druid]

Si le machin a été monté en Grande-Bretagne, à l'époque, la dénomination sur le V5 en tient compte.

[Utilisateur1]

Ah...J’y savais pas.
Mézalor quid de ça qui serait fait par cheu nous par un vieux gars assemblant les bouts pour son usage personnel sur la voie publique ?

[druid]

Oublie !
T'habites en France...

Dans le cas d'un montage que tu aurais l'idée de faire, Tribsa, Triton ou Schmoldu n'apparaitront jamais sur la carte grise.

[beb74]

Passionnant
Merci Marco

[PRYT]

et P'tit Louis, le propriétaire de la Norfield, est aussi un excellent mécanicien, chargés des vieux flats dans une importante concession parisienne BMW (paradoxalement diront certains).
Café Racer lui consacre d'ailleurs un bel article ce bimestre, même si je pense que le prix annoncé est assez irréaliste, ou plutôt, peut-être, représentatif de ce qu'une certaine catégorie de "hipsters" est prête à débourser pour une moto "unique".

[Utilisateur1]

Oublie !
T'habites en France...

.

Aaaah! Prenez en de la graine jeunesses ignares ou désinvoltes!
En quatre mots le Druid balance un impératif - donc sans S à la fin et un 2 eme pers du sing donc avec S. à la fin
C’est beau.

[druid]

N'est-ce pas ? !