Salut,
dans la représentation imagée qu'on se fait des motos (les belles, celles avec un moteur à l'ancienne), la ligne d'échappement est déterminante : son dessin "finit" et définit la partie basse du groupe motopropulseur, va de la culasse à la roue AR, "fermant" ainsi cet espace dont la partie supérieure est "cadrée" par la ligne du réservoir d'essence. Le cadre (au sens de l'image, comme dans un tableau) ayant des contours, il est ainsi refermé, chaque chose est donc à sa place et le cerveau peut conceptualiser l'ensemble.
Ce trait chromé (la ligne d'échappement) concrétise aussi la représentation mécanique que l'on se fait d'un moteur : en allant de la culasse à la roue AR, il indique à la fois le sens de marche de la moto et, par une sorte d’abstraction, il suggère aussi la vitesse car le pot sort vers l'avant (à la sortie de la culasse) et sa forme se courbe ensuite vers l'arrière, comme une mèche ployant sous le vent et dont la fin indique la naissance, l'idée, par sa forme parabolique, d'un sillage. C'est l'idée de ce sillage qui introduit l'idée du déplacement, de la direction, du mouvement dans l'espace. L'image de la moto se prête alors d'évidence à l'idée du déplacement, fonction première d'une moto. Ainsi, tout est à sa place.
Voilà pourquoi la ligne d'échappement est si importante dans le dessin général d'une moto. Et donc, sur les motos monocylindriques, quand la ligne d'échappement est à droite, c'est ce côté qui est privilégié dans l'idée conformiste que l'on se fait d'une belle moto, c'est pourquoi ce côté est surreprésenté par rapport à l'autre qui semble "vide". Et comme le "vide" dérange (manque de repères) et que le "plein" rassure (espace définit, cohérent, fermé, cadré), c'est le côté plein qu'on préfère.
Sur les motos "symétriques" (dessin identique de chaque côté), la représentation imagée induite par un côté ou l'autre de la moto n'a plus d'importance : exemple avec les Guzzi "classiques"...
Sur certaine motos à plusieurs cylindres, les lignes peuvent être symétriques par le dessin de leur échappement identique à droite et à gauche, mais le moteur peut lui aussi présenter des différences asymétriques, comme la commande de distribution, quand elle est apparente, moulée dans ses carters suggérant l'organe mécanique qu'ils enferment. Ainsi en va t-il des tubes de tiges de culbuteurs ou des tubes d'arbres à renvoi d'angle, comme sur les Ducati à couple coniques ou la Kawa W 650 qui présente un "beau côté" (à droite) et un plus quelconque (à gauche).
La "justesse" de ce qu'on l'on attribue à l'image d'une moto dépend aussi beaucoup de ce qu'on cherche à voir à travers elle, que l'on soit davantage attirée par la mécanique ou par ce que suggère une moto (vitesse, couleur, technologie avancée).
Mais dans l’imagerie caricaturale (la fameuse image d'Epinal), une moto simple, monocylindrique avec un seul tube d'échappement est généralement désirée et montrée du côté de la ligne d'échappement car cela correspond le mieux à cette représentation imagée que chacun se figure. C'est généralement cette représentation simplifiée qui apparait en premier quand un jeune enfant dessine une moto : deux roues, un réservoir, un vague guidon, l'évocation d'un moteur (souvent assez vague) et la ligne d'échappement, très importante car elle dit que cette image est bien une moto et non un vélo ou un scoutère.