JacquesD a écrit :Pryt,
Est ce que ces moteurs de dirt-Track de 50 ch tenaient le coup longtemps s'ils étaient montés sur une moto de route ?
Merci.
De ce que j'ai lu sur les Fury préparées pour la compétition aux USA, les moteurs étaient démontés à chaque course.
Comme l'a expliqué Pryt, les Big-Head ont été conçues avec une finalité qui les destinaient à la compétition.
Pour un usage routier, les Bullet Big-Head ont plutôt été l'ultime développement de Royal-Enfield en faveur du monocylindre, genre de moto qui tombe alors en désuétude dans les années soixante. À cette époque, c'est le twin qui a les faveurs de la clientèle et Triumph et BSA excellent dans ce domaine, par leurs volumes de production qui leur permet de vendre des motos performantes à des coûts acceptables pour la clientèle. Ailleurs en Europe et aux USA, des autres géants de la moto , il ne reste plus quasiment que BMW, Harley-Davidson et Moto-Guzzi. BMW excelle avec ses flat-twin, chers mais solides, Harley avec ses V-twin qui perdurent à n'être que des réminiscences des V-twin des années 30 et 40 et Guzzi ira jusqu'au bout du monocylindre avec la Nuovo-Falcone qui ne trouvera pas sa clientèle, car les performances du mono ne sont plus celles qu'attendent les motards des années 60. Guzzi s'en sortira en passant au bicylindre avec la V7, initialement conçue pour les marchés d'état (police et armée) puis développera ses V-twin vers une clientèle de routards.
Durant les "trente glorieuses" et dans les pays les plus développés économiquement et démocratiquement, les réseaux routiers se modernisent, la société de loisirs invite à se déplacer plus loin, plus vite et les limitations de vitesses sont alors très tolérantes... la moto devient un véhicule plus ludique qu'utilitaire et les monocylindres à longue-course construits sur des schémas mécaniques datant des années 30 trouvent de moins en moins leur place sur les routes... pour un prix quasiment équivalent, les twins 500 et 650 roulent plus vite (donc plus loin) et deux fois plus longtemps avant d'avoir à refaire le moteur.
C'est ainsi que du côté des monocylindres, Norton, AJS, Matchless, Ariel, Panther, Vincent abandonnent peu à peu leurs modèles... seul BSA s'accroche encore avec ses modèles "Victor" et autres B-44 et les ultimes B-50. Déjà les Japonais commencent à séduire une nouvelle clientèle avec des moyennes cylindrées bicylindres, légères, modernes et performantes.
L'ultime débouché de Royal-Enfield avec sa Bullet, ce sera l'Inde, grâce à la Bullet 350... histoire dont nous connaissons la suite puisque nous sommes là, sur ce forum.
Quant au mono, il faudra attendre l'avènement des rallyes-raids qui transformeront les trails-bike japonais de moyenne cylindrée en un renouveau du mono qui verra son paroxysme avec les XT Yamaha et XLR Honda.
La Bullet 500 Big-head, ultime développement de la Bullet (modèle qui apparait en 1933), avec le recul que nous permet l'Histoire, c'est la fin d'une époque et le chant du cygne du gromono à l'Anglaise, une sorte de baroud d'honneur. En monocylindre, seule la firme BSA arrivera à se maintenir jusque dans les années 70. C'est à cette époque qu'en Italie, Ducati commence à se faire un nom avec sa 350 Desmo, encore en monocylindre et pour le reste des constructeurs, le mono devient surtout la motorisation de prédilection des motos destinées au TT, trial, cross, enduro et trails de loisirs et des petites cylindrées utilitaires et des motos de l'Est, essentiellement des 2T.
En moto de route à vocation touristique, il y aura encore des monocylindres, mais ces motos restent des choix affirmés d'une minorité de motards et les volumes de vente restent faibles par rapport aux multicylindres.
Pour ma part, j'ai saisi une opportunité pour acquérir cette Big-Head parce que j'adore les monos RE traditionnels (ma Bullet 500 India est déjà la 2ème que je possède depuis que j'ai croché là-dedans en 2001), mais j'aurais tout aussi bien aimé m'enticher d'une Guzzi Falcone si j'en avais trouvé une à échanger contre une moto que je possédais déjà. Hélas, une Falcone des années 50 est aujourd'hui très difficile à trouver à un prix acceptable.
Avec cette Bullet Big-head, je fais le choix de l'originalité et de la rareté, pour une moto que j'espère également être utilisable au quotidien et en voyage... avec l'amitié que je trouve aussi sur notre forum et l'aide inestimable de quelques copains, particulièrement Pryt quant à la remise en route de cette "vieille fonte à grosse tête" que je sais que je pourrais gérer moi-même ensuite.