Messagepar Marco » 18 oct. 2019, 00:52
Ce n'est pas aussi simpliste en fait car dans les années 50, plusieurs types de cadre se côtoyaient d'une marque à l'autre et d'un modèle à l'autre au sein d'une même marque suivant les motos.
Les cadres
Juste après la 2è guerre mondiale, la quasi majorité des motos étaient encore à cadre rigide à l'AR, sans aucune suspension, rogatons des motos d'avant guerre, bien que quelques marques avaient dans leurs gamme des moto à suspension par bras oscillant, comme les Guzzi de la gamme GT et les Vincent HRD, en mono et en V-twin, mais c'était plutôt rare.
Pourtant, dès la fin des années 30 et jusque dans le milieu des années 50, il y avait des motos à cadre rigide, mais avec une suspension AR coulissante, au débattement limité (BMW R71) et après guerre, la suspension coulissante se généralise, toujours sur des cadres rigides (BSA A10, Motobécane R 44 puis les modèles Z, Norton et plein d'autres... Triumph, pour sa sa 6T, avait opté pour le cadre rigide et une suspension AR à moyen suspendu, un truc lourd avec très peu de débattement). Dans cette période un peu transitoire, les constructeurs proposaient de la moto utilitaire et déjà, des modèles de grand tourisme ou "sport".
Dans le courant des années 50, la suspension AR par bras oscillant et combinés ressorts-amortisseur hydraulique se généralise, ce qui impose la mise en production, pour les constructeurs, de nouveaux cadres : ça a pris du temps, car il fallu changer l’outillage de production, c'est du lourd question investissement.
Royal-Enfield fut précurseur en passant au bras oscillant pour la Bullet modèle 1949. Ce sont alors des motos "modernes", alors que leurs moteurs sont encore quasiment ceux de la fin des années 30 et courant années 40. Par ses succès en trial, Enfield fait la preuve de la supériorité du cadre dit "suspendu" ou "oscillant" (avec bras oscillant AR). Les autres marques anglaises s'y mettent à leur tour, mais assez lentement car refaire de nouveaux cadres, ça coûte cher.
Les selles
Quand la suspension coulissante (dans un cadre toujours rigide à l'AR) s'est répandue durant une dizaine d'années (du milieu des années 40 au milieu des années 50), c'était toujours la selle suspendue sur ressorts apparents qui était montée principalement car ces cadres rigides à suspension coulissante sans amortissement hydraulique (parfois avec des amortisseurs par compas et disques de friction) n'offraient pas encore le confort qui viendra plus tard avec les suspensions oscillantes. Mais déjà, des marques proposaient en option la selle biplace en mousse, montée rigide sur l'AR du cadre, pour satisfaire la clientèle demandeuse de duo.
Au début des années 50, malgré le modernisme de ses suspensions, la Bullet est encore équipée d'origine de la selle suspendue sur deux ressorts hélicoïdaux, ce qui est le standard le plus courant dans toute la production des motos puisque la plupart des marques de grandes diffusion n'ont pas encore adopté la suspension à l'AR oscillante et il fallait préserver un minimum de confort au pilote : c'est donc la selle qui étaient suspendue... ceux qui voulaient rouler en duo montaient un "tan-sad", une selle additionnelle boulonnée au garde-boue AR ou directement sur le porte-bagage qui prolongeait la boucle AR du cadre rigide.
La plupart du temps, les firmes de motos ne fabriquaient pas eux-mêmes ces selles : elles étaient produites en grandes quantité par des fournisseurs indépendants qui ne faisaient parfois que ça.
Et puis quand les suspensions oscillantes AR se sont vraiment généralisées à l'ensemble des constructeurs et que les cadres rigides ont été abandonnés, la selle monoplace suspendue sur ses ressorts apparents a disparu aussi, remplacée par la généralisation des selles biplaces en mousse collée sur un fond rigide, le tout boulonné rigide sur la boucle AR des cadres devenus "oscillants".
Aujourd'hui, l'aspect "vintage" des Bullet actuelles fait qu'on peut encore leur coller une selle à ressorts et certains trouvent ça plus confortable que la selle biplace. Mais ça dépend aussi de la qualité de la mousse de la selle biplace, de sa densité. Celles en latex sont très bien, celles en mousse synthétique sont plus molles et elles ont moins de tenue, ce qui les rend moins confortables.
Sur la EFI Classic, la selle suspendue montée d'origine est assez confortable car en fait, elle mixe l'avantage de la suspension par ressort et la qualité de la mousse de l'assise. Certains adorent, d'autres pas trop... car le problème d'une selle suspendue, très bien en tourisme pépère, c'est qu'on y perd aussi en "maintien" corporel sur la moto... l'assise est un peu flottante et le bassin du pilote se balade un peu. Sur une biplace montée rigide, le cul est calé sur la selle, le bassin est plus posé et sert de pivot au rachis du pilote qui se sert plus de ses jambes pour "coller" à sa monture et de ses pieds sur les repose-pieds pour prendre ses appuis.
D'autres estiment qu'une bonne biplace permet de glisser un peu d'avant en AR, ce qui permet de changer un peu de position sur longs trajets, de modifier ses appuis plantaires et donc de faire reculer le moment de la fatigue, alors qu'une selle monoplace ne permet généralement qu'une seule et même position durant tout le trajet.
Mais l'une ou l'autre, c'est vraiment une question de feeeling, de type de conduite et aussi de qualité de la selle elle-même.
Quant à l'aspect "historique", pour faire simple, on va dire que du temps des motos à cadres rigides, jusque dans les années 50, le standard, c'est la selle monoplace suspendue sur des ressorts et pour les motos à suspensions oscillantes qui se généralisent à partir des années 60, c'est la selle biplace montée rigide qui devient la norme.
"La liberté des autres étend la mienne à l'infini".(Mikhail Bakounine)
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