yvesmetz a écrit :Le magazine pour lequel je pigeais m'envoie essayer une BMW R 75/5 d'origine appartenant au même propriétaire l'ayant acheté neuve à sa sortie, en 71
Ils, ceux des canards, les pêchent où, comment, les raretés à essayer ?
Les canards de motos modernes, ils essayent les nouveautés des parcs-presse et ils sont invités, mondialement, aux présentations des nouveautés. Ils en reviennent avec un dossier de presse, des fichiers photos... y'a plus qu'à rédiger au bureau.
Un journal qui veut faire un "comparo" entre plusieurs motos de différents marques, il appelle le responsable des parcs-presse (ils se connaissent tous) et il demande si telle ou telle moto est dispo à telle date et voilà.
Pour les anciennes, pour les canards qui en parlent ou qui ont des pages ou des hors-série "nostalgie", là, y'a pas de parc presse ni de CD-rom avec les éléments de langage.
A motos anciennes, méthodes anciennes ! Tout se fait par relations, par connaissances, par bouche-à-oreille, à la confiance... ces bécanes appartiennent à des particuliers et faut les dénicher, les convaincre de prêter leur "trésor", qu'on puisse rouler avec le temps d'un essai, le temps de faire les prises de vues, c'est pas si simple. Au retour, le rédacteur de l'essai mettra l'accent sur les sensations de conduite forcément différentes de ce que procurent les motos actuelles, il détaillera davantage les particularités de prise en main pour édifier le lecteur d'aujourd'hui qui n'a pas forcément connu ces motos d'avant. La partie "essai" de l'article est moins conséquente, on se garde de la place pour revenir sur l'historique de la moto, son contexte d'époque et celui d'aujourd'hui, on en profite pour caser parfois un "encadré" sur le propriétaire et son histoire personnelle avec ces motos-là.
Faut raconter un histoire, faut faire passer un bon moment au lecteur, qu'il s'y retrouve, faut l'emmener rouler avec soi, faut lui décrire ce qu'on ressent avec ces vielles motos qui ont souvent fait rêver le motard qui n'a jamais pu s'en offrir une, du moins pas celle-là.... parler juste de la moto et rien que de la moto ne suffit pas et de toute façon, avec les motos d'avant, tout à déjà été dit et écrit.
Le journaliste qui veut se lancer dans les motos anciennes, faut qu'il travaille à l'ancienne : faut qu'il traine ses bottes dans les concentres pour se constituer son propre réseau relationnel, faut qu'il participe lui-aussi, à des rassemblements, des rallyes de club, faut se faire accepter, montrer qu'on sait soi-même vivre ce que vivent ceux dont on va parler... faut chiner et être dispo sur les expositions et y'a pas intérêt à faire une crasse à quelqu'un car, dans un petit milieu comme celui-là, tout se sait très vite et si on veut trouver des motos à essayer, tout passe par la confiance.
Le pigiste en motos anciennes, il doit avoir de bonnes connaissance en mécanique pour ne pas raconter n'importe quoi. Il doit aussi être passionné et disposer, chez lui, d'une bonne base documentaire, bouquins, ancienne revues, etc...
Et enfin, il doit être un "essayeur" sûr, capable de s'adapter à des motos difficiles à prendre en main et qui, comme je l'ai raconté plus haut, ne sont pas toujours en bon état.
Les acheteurs et lecteurs des canards de motos anciennes forment aussi un public plus difficile : passionnés, ils lisent tout, ils relèvent la moindre imprécision ou affirmation trop péremptoire à leurs yeux.
Y'a pas de mystère, faut se faire connaitre du "milieu" et se faire reconnaitre par le "milieu"... ça prend du temps, ça nécessite d'avoir un bon réseau, exactement comme pour les journalistes localiers de la presse quotidienne régionale.