Daniel78 a écrit :Moi je m'étonne grandement que l'on n'ait pas associé les termes végan et bobo à Parigot.
Ça me parait indissociable. Comme le béret et la baguette.
Salut,
pour moi, ce sont trois qualificatifs différents.
Le "parigot", c'est un habitant de Paris (ou proche banlieue), un peu râleur, un peu chauvin, plutôt démerdart, souvent pressé (par la force des choses), qui pense parfois qu'il vit au centre du Monde... à l'origine, tous les parigots descendent de croquants des campagnes. C'est mon cas : mon père, qui était un vrai "titi parisien" (il a grandi dans une chambre de bonne au Quartier latin, à 50 m du Boul' Mich') était né dans le Loiret et nos ancêtres viennent de la Creuse.
Le "Bo-bo", c'est le bourgeois bohème : type même de celui qui a grandi durant les Trente glorieuses, jeunesse avec le coeur à gauche et vieillesse avec le portefeuille à droite. Il est toujours sensible au progrès social, mais il ne renoncera plus à son petit confort personnel acquis assez normalement au cours de sa vie. Il aime les vêtements qui durent mais authentiques qu'il préfère acheter en promo sur Internet, il aime s'encanailler mais il ne fera pas la Révolution. Il se dit "pas raciste", mais il n'a pas forcément envie de louer un appartement ou d'embaucher quelqu'un qui s'appelle Mohammed ou Fatoumata, sauf pour faire le ménage chez lui. Sa vision de la subversion se limite souvent à tenter d'échapper aux règles pour lui-même tout en trouvant qu'il n'y a jamais assez de règles pour les autres.
Il croit se situer à "la juste place", entre pauvres et cas sociaux d'un côté et cathos-tradis et fachos de l'autre côté.
Il a voté Méluche ou Jadot au 1er tour et Macron au second tour, parce qu'il "faut rester raisonnable".
Il défend le droit de grève par principe mais il se plaint "d'être pris en otage" quand on annonce 30% de TGV ou de métros en moins... et si il n'y a plus d'essence à cause des raffineries bloquées, là, c'est un véritable scandale !
On est nombreux à être un peu comme ça, notamment ici, soyons réalistes.
Le "vegan", c'est encore autre-chose : c'est un pénitent invétéré, mortifié de la marche du Monde et convaincu d'être à l'Avant-garde dans la souffrance. Il adhère à un mouvement plutôt communautariste issu du courant "woke" né aux USA. Il a besoin d'être victime de méchants plus puissants que lui pour avoir le sentiment d'exister. Jeûne et minimalisme alimentaire sont ses mantra principaux, en se persuadant que les animaux sont ses amis et qu'il ne faut pas les faire souffrir en les mangeant ou pour s'habiller. Dans sa démarche rigoriste et culpabilisante, il n'est pas à l'abri de grosses contradictions : il mange des produits emballés dans des usines, mais garantis "vegan" et il participe malgré lui à une industrie lucrative (mais "de niche") qui contribue à détruire l'Environnement, les campagnes et les professions d'artisans de l'alimentation traditionnelle (les plus radicaux d'entre-eux attaquent les bouchers et crèvent les pneus des 4X4).
J'en connais quelques-uns, ils sont gentils mais plutôt chiants. Je les trouve assez naïfs... ceci dit, ils ne me dérangent pas tant qu'ils ne me font pas la morale et qu'ils ne me crèvent pas mes pneus.
Et pendant qu'il becquettent, du bout des lèvres, leurs légumes crus, moi je reprends du rab' du pâté aux patates !
Avant de râler et de me traiter de tous les noms, notez bien que ceci n'est que de la sociologie de comptoir et que ça ne vaut pas plus que ces quelques lignes.