JacquesD a écrit :C'est le genre de truc qui ne se conduit pas mais ce pilote.
Quel était le moteur ? Une magnéto par cylindre
Le top pour un moteur en "V" comme certaines Brough Superior.
Je pense que les Tchèques auraient donné leur belle-mère en prime pour échanger un Vélorex contre une Deuch.
Le moteur, c'était un Darmont Spécial (en fait copie du Blackburne), 1100 cm3, V2 à 60° culbuté et double allumage, raison des deux magnétos.
L'engin de 1927 était donné pour environ 40 CV et 320 Kgs, graissage à huile perdue (pas pour tout le monde!) avec goutte à goutte et viseur au tableau de bord, 30 gouttes à la minute, un peu plus en montée, un peu moins dans les descentes, donc ni pompe à huile, ni à eau (thermosiphon) ni à essence (gravité).
Embrayage à cône cuir (regarni ferodo, ça évite l'huile de pied de boeuf!), pas de boîte de vitesses, deux chaînes sur la roue arrière crabotées l'une ou l'autre par levier à l'arrière le long de la pointe, freins avant à tambour commandés par levier extérieur à droite de l'auvent, frein arrière à sangle!
Modifié d'époque avec accélérateur au pied (auparavant manette au volant voisine avec celle d'avance et celle de richesse!) avec pédalier normes années 20 (accélérateur et freins inversés!), pas de marche arrière et démarrage à la poussette.
Fab, ce n'était pas vraiment un engin de loisir mais un cyclecar de compétition : le concept du trois roues permettait de s'affranchir du différentiel, l'absence de boite à vitesses et le poids contenu permettait à l'époque d'atomiser les Amilcar et les Salmson si tant est que le pilote avait un gros coeur!
Si à l'époque les voitures de course étaient immatriculées et se déplaçaient sur la route, il ne devait être guère pensable de se déplacer quotidiennement avec un tel engin, celui-là avait d'origine été gréé pour la route avec ailes avant, pare-brise et feux en options mais il n'y a jamais eu de capote ni de portières!
Sans compter l'échappement libre, le cérémonial du démarrage à coté duquel celui d'une Vélocette n'est qu'une simple formalité!
Je me suis bien amusé avec et puis un jour, en compagnie d'un copain fondu de courses de motos anciennes qui faisait le singe (si on ne sort pas en virage, il lève brutalement de l'avant et il faut remettre droit pour le faire retomber), le châssis a cassé sur la route!
Sans dommage, mais on prend conscience alors que des tubes de chauffage des années 20, ça vieillit et que cela devient pas très raisonnable, je l'ai alors réparé encore une fois (Deux mois de boulot en principe pour une démonstration en côte de deux ou trois montées!), refait la dernière montée historique et revendu, pensant qu'il finirait dans un musée, et bien non, il roule toujours!
Mais ce sont des souvenirs impérissables, comme celui où, ayant monté des pneus neufs pour sidecar pour le centenaire de la course de côte du Mont Ventoux, parti de Bédoin, tout allait bien, un petit 120 130 en deuxième, arrivé à St Estève, coup de première , on retombe à 80 pour négocier le premier virage à gauche et le diable se met debout à l'intérieur, j'ai vu arriver la maison en face, j'ai réussi à passer avec les spectateurs qui applaudissaient croyant que je l'avais fait exprès, virage à droite tout de suite à la sortie idem dans l'autre sens : les (plus!) anciens m'ont expliqué ensuite qu'il ne fallait monter que des pneus lisses à l'avant pour laisser glisser la bête, ce qui permettait de passer plus vite en virages serrés!
Bien sûr, il fallait le savoir!
La côte impitoyable du Ventoux a ensuite calmé les ardeurs de la mécanique et du pilote, le vapor lock et les différences de pression atmosphérique rappelant bien que dans ces années héroïques des premières courses, l'empirisme était de règle et la carburation loin d'être une science exacte!
Denys