Captain Bertie a écrit :Bravo Marco !
N'y aurait-il pas moyen, grâce à vos diapos, vos souvenirs et tes articles, de fabriquer une superbe vidéo racontant vos aventures " au pays des Soviets" ?
Voyage dans l'espace mais aussi dans le temps (car la route à bien changé depuis, Ptiluc et Riri en sont témoins).
Au boulot camarade !
CB
Nous avons aussi quelques heures de vidéo VHS... mais peu exploitables au final : nous n'avons pas su, à l'époque, mettre en scène nos prises de vues. Nous n'arrivions pas à envisager l'exploitation future de nos images. Nous étions plutôt dans l'instant.
Aujourd'hui, nos diapos et cassettes VHS sont éparpillées entre trois ou quatre d'entre nous... trier, numériser, c'est un travail titanesque dont aucun d'entre-nous n'a jamais trouvé le temps ni les moyens techniques de s'y consacrer. On a essayé plusieurs fois de s'y mettre, mais ça n'a pas été bien loin.
Aujourd’hui, à partir d'une matière première directement captée en numérique, tout est plus facile à faire.
Les photos que je viens de vous poster sont toujours les mêmes que celles que j'ai déjà posté ici à plusieurs reprises, mais ce sont les seules scannées, à partir de retirages "papier" argentique des diapos originales, que j'ai dans mon ordinateur.
Quant à la route transsibérienne que nous avons parcouru, c'était en 1993 et oui, ça a bien changé aujourd'hui, tout est quasiment goudronné et le trafic à augmenté considérablement. En 1993, cela fait juste deux ans que l'URSS s'était effondrée sur elle-même : c'était l’époque de Elstine, tout partait en couille, les mafias criminelles prenaient le contrôle de tous les trafics déjà à l’œuvre au temps de l'URSS, les fonctionnaires responsables de kolkhozes se changeaient instantanément en patrons, les citoyens soviétiques perdaient tous leurs repères : même la monnaie s'est cassée la gueule, c'est arrivé pendant que nous étions là-bas : du jour au lendemain, le rouble a été dévalué et les gens ont eu quelques heures pour changer leurs anciens roubles en une nouvelle monnaie, à un nouveau cours.
Tout était du grand n'importe quoi : les magasins étaient vides, mais le marché noir pourvoyait à tout... les flics étaient corrompus, mal équipés, vêtus d'uniformes disparates, n'importe quel automobiliste faisait le taxi, une voiture garée dans une rue était désossée en une nuit... les militaires utilisaient leurs moyens (camions, avions...) a des fins personnelles et les grands axes routiers (à l'état de pistes infâmes) n'étaient plus parcourus que par des équipes de passeurs de bagnoles allemandes ou japonaises qui faisaient du trafic de voiture... les chauffeurs roulaient en convoi à sept ou 10 bagnoles, la kalach' prête à servir sur le siège passager car d'autres les attendaient en rase campagne pour leur voler les voitures.
Tout le long de la frontière chinoise, coke et héro circulaient quasiment en libre-service.
De temps en temps, à l'entrée des villes importantes, les troupes spéciales (genre Spetnatz) armées jusqu'au dents posaient des barrages et contrôlaient violemment tout le monde, puis, ils repartaient aussi vite qu'ils avaient surgit et les trafics, la débrouille et la démerde reprenaient leurs cours.
C'est parce que c'était vraiment le bordel que nous sommes passés, alors que nos visas n'étaient prévus que pour l'entrée en Russie et pas du tout pour notre libre circulation avec nos propres voitures. Et ce que nous étions en train de faire, personne ne l'avait fait avant nous ! Nous avons été les premiers occidentaux à rallier Vladivostok (interdite d'accès durant tout le temps de l'URSS) par la route avec nos voitures.
C'était tellement énorme qu'une fois la frontière passée entre Pologne et Bielorussie, aucun des contrôles de flics que nous avons subi par la suite n'a osé nous empêché de continuer, sûrement dans l'idée que si nous étions passés au contrôle précédent, c'est que nous devions être suffisamment en règle ou sans doute protégés par une mystérieuse autorité ou influence telle qu'aucun flic n'aurait osé s'en mêler. Mais durant tout le trajet, nous n'avions aucune certitude sur la suite, nous aurions pu nous faire arrêter du jour au lendemain, comme les "illégaux" que nous étions. Chaque soir où nous installions notre bivouac au bord de la taïga, nous savourions le fait d'être juste là, arrivés jusque-là, d'être toujours en état de marche et que demain, on verrait bien.
Bref, on l'a joué au culot et s'est passé !