technicien paysagiste polyglotte
Polyglotte, certes.
Technicien paysagiste ? Non, non. Pas du tout.
technicien paysagiste polyglotte
jbt a écrit :La notion de risque doit être précisée lorsqu'accolée à la fiabilité. Selon la langue employée, on trouve différents termes qui englobent sous des mots comme risque, hasard, chance, la même notion de probabilité qui englobe une idée d'évaluation de l'aléatoire et d'acceptation de cette probabilité et de ses conséquences. En passant le Rubicon, Jules Cesar lui-même venait de poser les bases de la Bullet sans le savoir car il chevauchait la journée un hongre andalou dont la placidité aurait pu lui fournir des indices de la future existence de ce mono tranquille, et en soirée un étalon hongro-andalou beaucoup plus fougueux mais néanmoins soumis car esclave impérial de son état.
Bref.
Le risque contient en lui-même une posture d'acceptation de la fatalité, mais aussi de la sérendipité qui découle de l'incertitude de l'avenir. Prendre le risque d'aller acheter du pain en Bullet fonte, c'est accepter qu'éventuellement, on passe la nuit dans un fossé à se nourrir de la baguette convoitée, trempée dans l'huile qui s'écoule du carter (je ne lubrifie la mienne qu'à l'huile de truffe, c'est un délice avec une baguette à l'ancienne).
Mais faire quelques kilomètres, ça n'est pas qu'ouvrir le moteur pour changer une bague régulée, c'est aussi ouvrir le champ du possible, comme rencontrer, alors qu'on pousse sa moto dans une côte sous un soleil de plomb, une âme charitable en fourgon vide qui nous dépanne, nous paye le coup à boire pour se remettre, avec lequel on sympathise et qui nous propose, avant de nous ramener chez nous, de faire une place dans le fourgon pour qu'on le débarrasse, puisqu'on aime les vieille motos, de cette vieille Brough Superior qui encombre la remise au fond du jardin. Ou croiser la route d'une jeune et accorte cycliste aux cuissots fuselés et luisants de sueur qui, faute de pouvoir nous emmener sur son porte-bagages, mais grâce à la proximité de son domicile, nous offre de nous y reposer, de nous y restaurer, et, le hasard faisant bien les choses, puisque son mari est parti en voyage d'affaires, nous propose de partager son lit, non pas avec elle car elle est fidèle et a des courbatures aux cuisses mais avec son jardinier sévillan né à Budapest qui se languit de sa terre natale et a besoin de chaleur humaine.
Hé oui, le risque n'implique pas que des conséquences positives, ne l'oublions pas.
Une fois les contours du risque définis, passons au terme de fiabilité. Souvent confondu avec fidélité avec lequel il partage une racine commune (fides), mais ce dernier terme est plutôt d'usage chez ces salopes de cyclistes allumeuses, la fiabilité est dans son acceptation commune, une notion qui se rapporte à la consistance des effets attendus à partir d'une cause. En psychométrie, la fiabilité d'un test est mesurée lors de son élaboration pour s'assurer qu'on obtient toujours la même mesure lorsqu'on teste la même chose. Un motard en échappement libre obtiendra toujours au WISC 5 un QI équivalent à sa température rectale.
Dans cet acceptation du terme de fiabilité, ma Bullet est très fiable puisque les mêmes causes produisent à chaque fois les mêmes effets: à chaque fois que je roule avec, elle tombe en panne.
Il n'y a donc aucune antinomie à évoquer le risque de la fiabilité, mais ce risque dépend de l'objet concerné. Une Honda VFR a un risque de fiabilité réduit, voire inexistant. Il n'y a aucune surprise, aucune incertitude, aucun imprévu lorsqu'on roule en Honda: certes, ça permet d'arriver à l'heure au boulot. Mais ça élimine la possibilité d'échapper à un repas de famille dans la belle famille ("Allez y en voiture, je vous rejoins en Bullet!"), à un rendez-vous chez le dentiste ou d'agrémenter son garage d'une Brough Superior ou son tableau de chasse d'un technicien paysagiste polyglotte.
Rouler en Bullet fonte, c'est défendre une conception ouverte du monde et des évènements qui s'y produisent, en renversant la charge des certitudes et du confort moelleux d'un télé 7 jours pour embrasser une vision de la vie qui repose sur l'entropie (quoique la Loctite rouge forte la limite pas mal) comme on embrasse ses enfants à chaque fois qu'on va à la Poste en Enfield en les serrant très fort et en leur offrant en guise d'adieu quelques préceptes de vie bien torchés, sages et optimistes, qui seront lus avec émotion lors de l'éloge funèbre prononcée à l'issue du non-retour de mission. Bon, en général, je rentre de la Poste en retard, mais parce qu'il y avait la queue, pas parce que j'avais franchi le Rubicon en route.
Prendre le risque de la fiabilité ça n'est pas s'attendre à l'inattendu, c'est l'accepter, ne pas chercher à reproduire chaque jour le précédent, et ne pas se retrouver comme un contrôleur technique de Dekra devant un chop rigide monté suicide lorsqu'il se présente.
Certains y verront une forme de sagesse, ou de courage masochiste. Ca n'est en fait qu'une volonté de contrôle absolu sur son environnement, puisqu'à forces d'avaries on devient capable d'y faire face sans sourciller et de s'en sortir seul sans sortir sa CB. (Belle allitération, hein? J'aime bien les figures de style gratuites.) Difficile de ne pas évoquer ici le surhomme de Nietzsche, qui partage avec de nombreux propriétaires de Bullet fonte un goût pour les moustaches fournies et un équilibre mental sujet à controverses.
Là où un motard en EFI appelle en cas de panne un Über, celui en Bullet fonte invoque l'Übermensch qui est en lui: la Bullet fonte conduit au dépassement de soi. Faute de pouvoir dépasser les autres, objecteront certains. Qu'ils ferment leur gueule, ça fait une prise d'air et il seront en retard au repas chez leur belle-mère, leur rétorquera-t'on.
En conclusion, et afin d'imager le risque de la fiabilité, je citerai Storm par le biais de mon camarade montréalais Palica qui ne roule pas en Enfield mais en Oural parce qu'au Quebec vaut mieux avoir une troisième roue: "- Alors, tout s'est passé comme prévu? - Non, mais c'était prévu."
jbt a écrit :La notion de risque doit être précisée lorsqu'accolée à la fiabilité. Selon la langue employée, on trouve différents termes qui englobent sous des mots comme risque, hasard, chance, la même notion de probabilité qui englobe une idée d'évaluation de l'aléatoire et d'acceptation de cette probabilité et de ses conséquences. En passant le Rubicon, Jules Cesar lui-même venait de poser les bases de la Bullet sans le savoir car il chevauchait la journée un hongre andalou dont la placidité aurait pu lui fournir des indices de la future existence de ce mono tranquille, et en soirée un étalon hongro-andalou beaucoup plus fougueux mais néanmoins soumis car esclave impérial de son état.
Bref.
Le risque contient en lui-même une posture d'acceptation de la fatalité, mais aussi de la sérendipité qui découle de l'incertitude de l'avenir. Prendre le risque d'aller acheter du pain en Bullet fonte, c'est accepter qu'éventuellement, on passe la nuit dans un fossé à se nourrir de la baguette convoitée, trempée dans l'huile qui s'écoule du carter (je ne lubrifie la mienne qu'à l'huile de truffe, c'est un délice avec une baguette à l'ancienne).
Mais faire quelques kilomètres, ça n'est pas qu'ouvrir le moteur pour changer une bague régulée, c'est aussi ouvrir le champ du possible, comme rencontrer, alors qu'on pousse sa moto dans une côte sous un soleil de plomb, une âme charitable en fourgon vide qui nous dépanne, nous paye le coup à boire pour se remettre, avec lequel on sympathise et qui nous propose, avant de nous ramener chez nous, de faire une place dans le fourgon pour qu'on le débarrasse, puisqu'on aime les vieille motos, de cette vieille Brough Superior qui encombre la remise au fond du jardin. Ou croiser la route d'une jeune et accorte cycliste aux cuissots fuselés et luisants de sueur qui, faute de pouvoir nous emmener sur son porte-bagages, mais grâce à la proximité de son domicile, nous offre de nous y reposer, de nous y restaurer, et, le hasard faisant bien les choses, puisque son mari est parti en voyage d'affaires, nous propose de partager son lit, non pas avec elle car elle est fidèle et a des courbatures aux cuisses mais avec son jardinier sévillan né à Budapest qui se languit de sa terre natale et a besoin de chaleur humaine.
Hé oui, le risque n'implique pas que des conséquences positives, ne l'oublions pas.
Une fois les contours du risque définis, passons au terme de fiabilité. Souvent confondu avec fidélité avec lequel il partage une racine commune (fides), mais ce dernier terme est plutôt d'usage chez ces salopes de cyclistes allumeuses, la fiabilité est dans son acceptation commune, une notion qui se rapporte à la consistance des effets attendus à partir d'une cause. En psychométrie, la fiabilité d'un test est mesurée lors de son élaboration pour s'assurer qu'on obtient toujours la même mesure lorsqu'on teste la même chose. Un motard en échappement libre obtiendra toujours au WISC 5 un QI équivalent à sa température rectale.
Dans cet acceptation du terme de fiabilité, ma Bullet est très fiable puisque les mêmes causes produisent à chaque fois les mêmes effets: à chaque fois que je roule avec, elle tombe en panne.
Il n'y a donc aucune antinomie à évoquer le risque de la fiabilité, mais ce risque dépend de l'objet concerné. Une Honda VFR a un risque de fiabilité réduit, voire inexistant. Il n'y a aucune surprise, aucune incertitude, aucun imprévu lorsqu'on roule en Honda: certes, ça permet d'arriver à l'heure au boulot. Mais ça élimine la possibilité d'échapper à un repas de famille dans la belle famille ("Allez y en voiture, je vous rejoins en Bullet!"), à un rendez-vous chez le dentiste ou d'agrémenter son garage d'une Brough Superior ou son tableau de chasse d'un technicien paysagiste polyglotte.
Rouler en Bullet fonte, c'est défendre une conception ouverte du monde et des évènements qui s'y produisent, en renversant la charge des certitudes et du confort moelleux d'un télé 7 jours pour embrasser une vision de la vie qui repose sur l'entropie (quoique la Loctite rouge forte la limite pas mal) comme on embrasse ses enfants à chaque fois qu'on va à la Poste en Enfield en les serrant très fort et en leur offrant en guise d'adieu quelques préceptes de vie bien torchés, sages et optimistes, qui seront lus avec émotion lors de l'éloge funèbre prononcée à l'issue du non-retour de mission. Bon, en général, je rentre de la Poste en retard, mais parce qu'il y avait la queue, pas parce que j'avais franchi le Rubicon en route.
Prendre le risque de la fiabilité ça n'est pas s'attendre à l'inattendu, c'est l'accepter, ne pas chercher à reproduire chaque jour le précédent, et ne pas se retrouver comme un contrôleur technique de Dekra devant un chop rigide monté suicide lorsqu'il se présente.
Certains y verront une forme de sagesse, ou de courage masochiste. Ca n'est en fait qu'une volonté de contrôle absolu sur son environnement, puisqu'à forces d'avaries on devient capable d'y faire face sans sourciller et de s'en sortir seul sans sortir sa CB. (Belle allitération, hein? J'aime bien les figures de style gratuites.) Difficile de ne pas évoquer ici le surhomme de Nietzsche, qui partage avec de nombreux propriétaires de Bullet fonte un goût pour les moustaches fournies et un équilibre mental sujet à controverses.
Là où un motard en EFI appelle en cas de panne un Über, celui en Bullet fonte invoque l'Übermensch qui est en lui: la Bullet fonte conduit au dépassement de soi. Faute de pouvoir dépasser les autres, objecteront certains. Qu'ils ferment leur gueule, ça fait une prise d'air et il seront en retard au repas chez leur belle-mère, leur rétorquera-t'on.
En conclusion, et afin d'imager le risque de la fiabilité, je citerai Storm par le biais de mon camarade montréalais Palica qui ne roule pas en Enfield mais en Oural parce qu'au Quebec vaut mieux avoir une troisième roue: "- Alors, tout s'est passé comme prévu? - Non, mais c'était prévu."
jbt a écrit :...ma Bullet est très fiable puisque les mêmes causes produisent à chaque fois les mêmes effets: à chaque fois que je roule avec, elle tombe en panne...
Marco a écrit :jbt a écrit :...ma Bullet est très fiable puisque les mêmes causes produisent à chaque fois les mêmes effets: à chaque fois que je roule avec, elle tombe en panne...
A ce stade, il te faut inverser l'effet et la cause... au lieu de dire oui, de dire non et dans le cas contraire, de faire tout le contraire... faudrait que tu ailles de l'autre côté de la terre, là où les gens marchent à l'envers et ainsi, tu seras dans le bon sens une fois dans l'autre sens. Le but étant d'arriver à ce que ta Bullet tombe en marche eu lieu de tomber en panne.
Fabélectra a écrit :...Et oui, après tout, est-ce que tout rater ce ne serait pas tout réussir ?