Jano a écrit :Bonjour,
Je voudrais poser une question aux mécaniciens ou plutôt aux ingénieurs aux mains sales du forum
Je lis souvent "la Bullet a beaucoup de couple en bas régime"... Mes questions peuvent paraitrent puériles aux spécialistes et aux passionnés mais je ne suis pas certain que 50% des lecteurs de ce forum puissent y repondre de maniere exacte et précise (pas moi en tout cas)
Tes questions sont légitimes et très intéressantes...
Un moteur thermique fonctionne avec la pression obtenue par la combustion rapide d’un gaz mis sous pression.
Cette pression pousse le piston et donc la bielle qui pendule entre l’axe de piston et le maneton de vilebrequin dont le fonctionnement de principe s’apparente à une manivelle (un vilebrequin). Plus le déport du maneton est important, plus l’effet de levier est fort.
Plus le régime de rotation du vilebrequin est élevé (les tours/minute), plus il se produit de combustion dans le cylindre et plus il y a de cylindres dans le moteur, plus on obtient de « temps moteur » à la minute.
Et plus la cylindrée unitaire est grande, plus on aspire du carburant et plus la pression de combustion sera forte.
Et la cylindrée unitaire, c’est le volume de travail d’un cylindre, c’est-à-dire son alésage (son diamètre) et la distance parcourue par le piston (la course), ce qui détermine le volume de gaz à admettre, à comprimer et à allumer pour que se produise la détente du moteur.
Alors soit on a une course longue et un alésage réduit (moteur dit « longue course »), soit l’alésage est égal à la course du piston en mm (moteur dit « carré »), soit on a un fort alésage et une course courte (moteur « super carré »).
Avec un moteur « longue course », le bras de levier qui favorise le couple est important, mais la vitesse du piston qui a une grande distance à parcourir alternativement entre point-mort haut et point mort bas est limitée, au détriment du régime moteur qui sera plus lent.
Avec moteur « super carré » (donc à course courte), à cylindrée unitaire égale, la vitesse du piston pourra être plus rapide, au bénéfice de la montée et du maintien en régime, mais au détriment de l’inertie qui emmagasine de l’énergie et de l’effet de couple (bras de levier).
La puissance d’un moteur, c’est le produit du couple X le régime moteur.
Mais…. car il y a un mais ! Pour avoir du couple, il faut un bras de levier important et des masses d’inertie sur le vilebrequin suffisamment lourdes pour la régularité de la rotation du vilebrequin et plus les pièces sont volumineuses et lourdes, plus ça vibre, plus les pièces en mouvement subissent des contraintes. Pour les limiter et obtenir des régimes de rotation élevées, il faut donc alléger les pièces et limiter la course du piston car plus sa course est longue, plus sa vitesse linéaire est élevée et ça le fragilise.
Maintenant, pour ce qui est des sensations, ce qu’on appelle le « caractère moteur », un moteur « longue course » donne une sensation de tracter dès les bas régimes, avec de la « souplesse » (capacité à partir d’en bas et de monter lentement, mais souplement en régime). Avec nos pétoires de balade et nos allures de touristes, c’est parfait et bien agréable.
Avec un moteur « sportif » « super-carré », les sensations sont différentes : pour avoir de la patate et un bon coup de pied au cul, faut monter dans les tours pour trouver beaucoup de puissance qui procure de fortes accélérations et c’est jouissif aussi… hélas, c’est quasiment inexploitable aux vitesses légales sur les routes de Monsieur Tout-le-Monde et du coup, on s’emmerde… le moteur est souple, linéaire, très régulier, mais il peut paraître chiant si on ne l’exploite pas pour ce qu’il est conçu, à savoir la vitesse et donc, beaucoup de puissance.
Et plus on multiplie les cylindres, plus on abaisse la cylindrée unitaire, donc on a des pièces en mouvement plus légères, moins d’inertie et le moteur peut prendre beaucoup de tours pour produite sa puissance.
Pour résumer, moteur « longue course » = forte cylindrée unitaire et nombre de cylindres réduit (un ou deux) et beaucoup d’inertie des pièces en mouvement qui donne un caractère moteur « coupleux », avec de la patate « en bas », mais peu puissant dans l’absolu. Et la prise de tours engendre des vibrations sans donner beaucoup de puissance au final.
À l’opposé, avec un multicyclindre « super carré », ça monte vite en régime, c’est puissant dans les tours mais « creux » en bas. Et le couple est en haut, donc dans les hauts-régimes.
Retiens de tout ça que c’est une question d’équilibre, chaque gain entrainant des pertes et vice-versa.