En mai 2006, j'ai eu l'occasion de faire pas mal de kilomètres avec une BMW R 69 S lors d'un essai comparatif pour Moto-magazine Hors-série "Motos mythiques". Cette moto était (et est toujours) celle de Jacky Terrillon, le boss de Moto-Légendes qui, avec la gentillesse qui le caractérise, nous l'avait prêté, à ma demande... nous devions au départ avoir une Norton Commando à mettre face à une CB 750, mais le proprio de la Commando s'est désisté au dernier moment et nous nous retrouvions sans rien face à la Honda. Alors, nous avons eu l'idée d'opposer deux motos emblématiques de la charnière 1968-1970, avec la fin d'une époque et le début d'une nouvelle qu'incarnait alors la Honda quat'pattes.
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Photo Jean LarquierL'essai, paru dans le numéro publié en décembre 2006, intégrait également une Ducati 1000 GT et une Triumph Scrambler, toutes deux récentes et représentatives de la vague néo-rétro.
Nous étions cinq (4 rouleurs dont un photographe et un photographe supplémentaire, rouleur également), durant une semaine en Lozère.
De nous cinq, je suis celui qui a le plus roulé avec la BMW car j'étais le plus à l'aise pour la démarrer au kick et le moins gêné par son manque de freinage.
J'en garde un souvenir mitigé : c'est celle que j'ai préféré entre les quatre motos dont nous disposions, mais j'ai été déçu par son moteur trop pointu.
En roulage "normal", elle donnait l'impression d'être infatigable, capable de rouler indéfiniment jusqu'au bout du Monde. Mais dès qu'on cherchait à tirer la quintessence de ses 42 ch annoncés qui la classait dans les "sportives" de son temps, il fallait monter dans les tours et ça ne lui allait pas très bien : la fourche devenait lourde, la boîte craquait, refusant les passages à la volée (forcément, sur ces mécaniques, la boîte tourne au même régime que le moteur qui a beaucoup d'inertie avec son gros volant), les freins s'évanouissaient dès qu'ils étaient trop sollicités... non, ça n'allait pas ! Il fallait se battre avec elle et je ne lui trouvais pas cette homogénéité et cette disponibilité que je connaissais avec les BMW des séries suivantes, 5, 6 et 7.
Bref, fallait plutôt en profiter à des allures tranquilles, mais alors son moteur (pourtant en excellente condition) m'a semblé mou, limite fade, pour une moto plutôt lourde.
Je me souviens aussi d'un guidonnage de folie, juste après la prise de vue qui donna la photo ci-dessus. L'image a été prise sur la ligne droite qui longe l'aérodrome sur le Causse Méjean : il fallait bien lancer la moto pour passer devant le photographe qui réalisait une prise en "filé" au 125è de seconde, posté à 100 m dans le champ d'à côté avec son télé-objectif... au bout de cette ligne droite étroite au revêtement pourri, je plantais un gros freinage avant de faire demi-tour pour une prise suivante, dans la foulée, pour une vue de l'autre côté de la moto. Et ce plusieurs fois de suite.
C'est à l'occasion d'un de ces gros freinages que la moto a engagé un guidonnage violent qui a failli m’éjecter... je ne m'en suis tiré qu'en accélérant à fond, bras fléchis, mains poussant fort le guidon vers l'avant et coudes collés sur le corps, penché tête au-dessus du phare pour charger l'avant, pieds en appui de toute mes forces sur les repose-pied et genoux serrant très fort le réservoir, tout en dosant sur le frein AR pour remettre la moto en tension et le guidonnage a cessé aussi vite qu'il était survenu.
Et tout ça au bout de la ligne droite !
Wahoo, ça a été chaud ! 'tain d'garce de moto ! Ce genre de truc, ça vous entame la confiance !