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Philosophie de la panne

Pour parler de la moto, des autres motos aussi, de la philosophie motarde.
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PRYT
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Philosophie de la panne

Messagepar PRYT » 05 juil. 2020, 16:27

En faisant tri et classement, je suis tombé sur ce texte qui avait été publié dans le bulletin de feu le REC, traduit du Gun, le magazine de liaison du REOC-UK:

"Pavane pour nos bécanes en panne
Roadrunner, Gun n°159, oct/nov 2000

Samedi matin : le soleil apparaît entre deux trouées de nuages cotonneux et semble décidé à s’installer pour un bon moment. Nous hésitons … une seconde, le temps d’une pensée éclair aux tondeuses, aux supermarchés, à tous ces menus travaux de bricolage qui nous attendent, et c’est parti. La Royal est sortie du hangar, le robinet d’essence ouvert. Nous enfilons tous nos appendices dans des gants, bottes, casque, blouson et en route. Tout en haut des collines, en bas dans la verte campagne, à fond sur les nationales, le nez au vent, le sourire émail pointillé de moucherons, on plane.
Et puis soudain « le LIEU ». Vous n’avez jamais rien fait pour y aller, comme tout le monde, puisqu’il n’existe sur aucune carte. Il y fait toujours froid, même le soleil y est glacé. Vous n’entendez rien des propos des gens alors que vous voyez leurs lèvres bouger. C’est un endroit désertique, dénué de tout sentiment, de toute compassion, de toute pitié, un endroit où le regard des autres vous traverse, un grand sourire tordant leur face, qui vous gêne et vous fait détourner les yeux. C’est le territoire des vautours, annoncé par un panneau en bord de route : « Bienvenue sur l’île du Désespoir, roulez prudemment ».
Bon, bon, je sais, ça fait un peu mélo !!
Pourtant beaucoup d’entre nous ont déjà été à un moment ou à un autre traumatisé par une panne, si ce sentiment ne vous semble pas trop fort. Tout au long de ces dernières années, j’ai eu l’occasion de bavarder avec de pauvres hères malchanceux qui s’étaient échoués sur cet îlot et j’ai eu la surprise d’entendre toujours les mêmes plaintes : moral en berne, colère, frustration et, dans un, cas une amertume telle qu’elle provoqua un accès de violence hystérique, le tout à cause de pannes mécaniques plus ou moins graves.
Certains se contentent de sortir les outils, cherchent à réparer ou, sinon, marchent jusqu’au téléphone pour appeler l’assistance. D’autres éclatent, expriment leur désarroi à grands coups de pied dans les pneus, dans les poteaux de clôture, hurlent à la mort ou grondent comme un animal blessé si un quidam s’approche pour les aider. D’autres encore se prennent la tête entre les mains et, prostrés, se retirent en eux-mêmes pour tenter de résoudre la quadrature du cercle en s’interrogeant : « Pourquoi moi ? »
Mais qu’est qu’une panne ? Je pense personnellement que la définition la plus exacte du concept de panne est une défaillance mécanique qui ne permet pas au véhicule de continuer le voyage. Ce peut être une crevaison, des rayons cassés et, de temps en temps, une bielle coulée qui défonce le carter, le cauchemar quoi ! Les histoires que j’ai entendues parlant de milliers de kilomètres parcourus avec un vilebrequin cassé sans effets dolosifs ne sont pas à proprement parlé des « pannes ». Cela entrerait plutôt dans la catégorie « usure ». Elles peuvent aussi être qualifiés de très chanceuses, sinon d’espérances chimériques.
Le terme « panne » peut aussi être justement employée à propos du motard : j’ai vu des hommes en pleine force de l’âge parler aux arbres pour évacuer la détresse que leur causait leur machine immobilisée. Tout le groupe, quand vous voyagez en groupe, souffre solidairement de votre défaillance mécanique. Chacun y va de son avis sur la question, sur l’opportunité d’utiliser des pièces modernes. Fusent alors les considérations relatives à l’utilisation d’une vieille bécane complètement inadaptée qui aurait du être remplacée par une machine moderne depuis bien longtemps. Toutes observations un tantinet dangereuses eu égard à l’état de nerfs du motard malchanceux !
Ne vous laissez aller à aucune plaisanteries si vous ne le connaissez pas bien et, même alors, tenez-vous bien en retrait.

Les exemples d’arrêt inopinés sont nombreux et variés. Certains sont amusants, ou tragiques, d’autres sont franchement désopilants.
Une histoire me revient à propos d’un propriétaire de mono BSA qui habitait au bord d’une route à la campagne. Après avoir reconstruit sa machine, il décide d’aller la tester. Tout va super bien sur la nationale mais sur la départementale du retour, un drôle de bruit intermittent apparaît. Le propriétaire à l’enthousiasme refroidi s’arrête aussitôt et sort les outils pour resserrer la culasse. Il repart mais le bruit persiste et, de crainte d’endommager son moteur, il s’arrête et rentre à pied à la maison pour appeler l’assistance. La semaine suivante, après avoir tout inspecté, changé son joint de culasse, il repart en test et le même bruit réapparaît. Un joint plus tard notre homme repart et cette fois-ci, le bruit inquiétant se fait aussi sur la nationale, très brièvement, quand il passe devant des cônes de signalisation de travaux. Il poursuit néanmoins son test, reprend la départementale et là, le bruit revient immédiatement, tout au long des poteaux de clôture des champs !!!
Un de mes potes a eu la malchance de casser une bielle de sa Commando 850, juste en dessous du pied, alors qu’il roulait à 110. Le moignon découpa très proprement son carter d’embiellage et explosa contre la base du cylindre. Le piston se mit en travers et se bloqua, tordant les soupapes et les guides, tandis qu’un morceau de métal découpait un joli trou dans le carter primaire. Le vilebrequin fut si bien désaligné que le pignon de distribution cisailla et défonça le carter. Le gars de l’assistance a déclaré qu’en dix ans il n’avait jamais vu ça...Le carnage total !
Un autre copain avait pensé pouvoir faire l’économie d’une attache rapide neuve, la gardant pour plus tard, remettant la vieille sur la chaîne neuve. À proximité de Cambridge, la vieille attache sauta. Je ne vous dis pas le savon de sa copine quand elle devina que la neuve était restée sur l’étagère !!
Il existe bien d’autres causes de panne qu’aucune précaution ne peut éviter. Je me vois encore griller un feu rouge à toute allure sur une 250 Continental GT, le boisseau bloqué à pleine ouverture. Je réussis à m’arrêter sans encombre, le moteur hurlant à 6000 tours. Les vitrines tremblaient, les bébés pleuraient et les passants courraient se mettre à l’abri, comme si l’Apocalypse était survenue sans crier gare. Je finis par faire taire mon moteur hurlant et trouvai un gros bourdon coincé dans le carbu. Je l’extrayai précautionneusement et poursuivis ma route plus calmement.
Un ami avait monté des cornets sur sa Kawasaki à la place des filtres à air. Pour ce faire, il avait dû enlever la boîte à outils et la boîte à air. La route quotidienne pour aller au boulot étant courte, il décida de ne pas emporter d’outils et de mettre ses sandwiches dans une boîte en plastique sous la selle. Bon, ça va, je vois que vous devinez : la boîte s’est renversée, le couvercle s’est ouvert et la bécane se mit tous les sandwiches dans les cornets, attrapant une magnifique indigestion paralysante! Il traîne encore la réputation de conduire une bécane qui carbure au fromage et au chou mayonnaise.
Cela peut surprendre certains d’entre vous mais il existe quelques personnes merveilleuses dans le monde qui ne possèdent pas de Royal Enfield. Certains automobilistes s’arrêtent pour vous aider mais la plupart du temps, ce sont des motards qui le font pour donner un coup de main. J’ai été secouru il y a quelques années par un gars en Bonneville dotée d’un réservoir inépuisable un jour que j’étais en panne sèche. Une autre fois, je m’étais arrêté sur l’autoroute pour satisfaire à un besoin naturel et pas moins de trois motards se sont arrêtés pour s’enquérir d’une éventuelle panne. Je les soupçonne tous les trois d’en avoir été victimes et de savoir combien il est pénible d’attendre sur la voie d’urgence béquillé sur la centrale.
Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant, si vous voyez un motard en difficulté sur le bord de la route, vous vous devez de vous arrêter pour lui tendre une main secourable. Vous pouvez détenir cette petite clé Allen de 5 qui lui permettra de resserrer le collier de la bobine ou le boîtier d’allumage, qui lui permettra de rentrer à la maison par ses propres moyens. Croyez-moi, il est exaltant de savoir que l’on a tiré un collègue hors du puits du désespoir dans lequel il sombrait. Il m’est même arrivé une fois de rentrer la poche pleine de tabac mouillé car j’avais pris le papier alu de mon paquet de cigarettes pour remplacer un fusible fondu d’un mec en Honda. Il m’est aussi arrivé de donner un lacet de chaussure pour arrimer une sacoche. Enfin, tout ce que vous feriez pour un motard !
Mon plus mauvais souvenir ? Je ne saurais le dire aujourd’hui mais je dois avouer que je suis allé plus d’une fois au rendez-vous du désespoir. Chaque retour m’en a appris un peu plus et, pourvu que ça dure, ça fait une paye que je n’y suis pas retourné.
Modifié en dernier par PRYT le 05 juil. 2020, 23:01, modifié 1 fois.
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Re: Philosophie de la panne

Messagepar jpv17 » 05 juil. 2020, 18:00

:super: Merci PRYT.
Quand on y a goûté on y RE vient. ;)

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Daniel78
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Re: Philosophie de la panne

Messagepar Daniel78 » 05 juil. 2020, 18:16

Oui, merci PRYT pour ce bon moment. :super:

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Jackymoto
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Re: Philosophie de la panne

Messagepar Jackymoto » 05 juil. 2020, 18:35

Le dernier boisseau coince c était la 500 Velocette le bout du cordon de ma veste sous le boisseau.
Il a suffit de décompresser et de l enlever.Sur les BM un gravillon pouvait se coincer sous la butée du papillon.

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Re: Philosophie de la panne

Messagepar yvesmetz » 05 juil. 2020, 22:41

Les pannes c'est nous qu'on dépanne, répare, sans philosopher .... Grouille toi .
La ligue des motocyclistes indépendants,...c'te race !

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PRYT
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Re: Philosophie de la panne

Messagepar PRYT » 05 juil. 2020, 22:54

Chi va piano va sano ! Pour le moment c'est l'atelier qui s'aménage...il est temps.
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Re: Philosophie de la panne

Messagepar eglishadow » 07 juil. 2020, 14:20

:) :super: :oué:
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