Limobull a écrit :Et savez-vous ce qu'elle est devenue cette BSA depuis que Marco l'a revendue ?...
Je l'ai gardée quelques années, pas très longtemps en fait.
A son guidon, j'ai participé au Rallye Britalia en Normandie en 2011. Au début, je pensais m'en servir régulièrement. J'avais échangé ma première Bullet "fonte" contre une Triumph T 140 à retaper et je pensais que la BSA allait remplacer la Bullet dans mes trajets quotidiens. Elle démarrait bien, j'aimais beaucoup son moteur, mais elle freinait vraiment mal, ses tambours produit chez Ariel étaient les pires de ceux qui ont équipé les trois modèles de toute la série A7 oscillante entre 1954 et 1962... la mienne datait de 1961. A cause de ses mauvais freins, je me suis fait quelques frayeurs sur le périph', lors de ralentissement brutaux du trafic. Et puis après avoir remis la T 140 en route, la BSA était un peu en trop (j'avais aussi la Guzzi T3 Calif').
En 2012, au circuit Carole, je suis avec la BSA sur un évènement "motos classiques" et je discute avec mes potes du forum "Motos anglaises classiques", notamment ce cher vieux Barbe-en-Zinc. Il est là avec un copain à lui, un certain Philippe venu de l'Oise, très sympa. Il tourne autour de ma BSA et me dit que ça lui plairait bien. Barbe-en-zinc me dit alors :
"justement, tu ne parlais pas de la revendre, ton A7 ? " Je dis, ouais, j'y pense, mais je n'ai pas cherché à la mettre en vente... et là, le Philippe se montre intéressé et me demande quel serait mon prix. Sans réfléchir, je lui annonce le même prix que celui auquel Druid me l'a vendue en 2009, 3900 euros (ce qui était un prix correct). Bien sûr, j'ai eu quelques frais (j'ai revu la fourche, les roulements de direction et fait refaire la dynamo à neuf, changé les robinets d'essence, ajouté une plaque de vidange à bouchon aimanté), mais ça fait partie du jeu, avec une ancienne.
On échange nos numéros de téléphone et Philippe me rappelle pour m'annoncer qu'il est preneur et donc, l'affaire fut conclue. Il aura ensuite à changer un roulement de BV qui grogne, ce qu'il fait. Et puis un an plus tard, il m'apprend qu'il a pété le vilebrequin, en se rendant au circuit Carole.
Le moteur fut démonté et ausculté chez mon pote Laurent Romuald de l'atelier Machines & moteurs dans le Val d'Oise et la raison de la casse à raz d'un maneton et d'une des masses de vilo fut alors connue : le vilo avait jadis été rectifié et les congés n'ont pas été respectés, ce qui a fragilisé le vilebrequin.
Le "congé", en mécanique, c'est le rayon de courbure, l'arrondi entre deux directions, souvent sur un plan perpendiculaire, dans la masse pour éviter une arête vive.
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Dans le cas d'un maneton ou d'un tourillon usinés dans un vilo monobloc, les congés, ce sont ces arrondis dont il faut absolument respecter le radian préconisé par le fabricant pour ce type de pièce... les congés garantissent la solidité de la pièce par rapport aux contraintes mécaniques qu'elle va subir et selon la métallurgie utilisée. Et Laurent Romu' m'a expliqué que certains rectifieurs peu scrupuleux négligent le respect des congés car ça nécessite de bien régler la machine-outil pour faire le travail dans les règles... et voilà comment un rectifieur inexpérimenté, négligeant ou sabotant sciemment le boulot confié peut bouziller définitivement un vilebrequin qu'on lui amène à rectifier.
C'est ce qui est arrivé à cette BSA et ça, y'a qu'en ouvrant le moteur et en réalisant une métrologie rigoureuse qu'on peut le contrôler.
Bref, Laurent a expliqué à Philippe pourquoi le vilo avait cassé net et il lui a confirmé que vu que je n'avais pas ouvert ce moteur ni fait réaliser, le temps que j'ai eu cette moto, de travail à ce niveau-là, je ne pouvais pas savoir. Si j'avais gardé la moto, c'est à moi que cela serait arrivé.
Je crois que Philippe a compris, nous en avons discuté et il a ensuite racheté un vilo, pièce devenue rare pour les BSA et Laurent a remonté le moteur dans les règles.
Le temps a passé, je n'ai plus eu de nouvelles.
Merci Limobull pour ces photos que je découvre... tu les a prises en aout 2009, lors du repérage du lieu du rasso annuel de la RA, à Saint-Julien le Petit, dans le Limousin. Il y a là Dan et Catherine, Jacky, Nelska, Patof, Matmata et Druid. Je suis avec vous car la veille, je viens d'acheter la BSA chez Druid... le soir venu, nous allons camper à Bourganeuf, sur l'emplacement favori de Patof qui passe là tous ses étés.
Le lendemain, je remontais sur Paris avec la BSA, sous la flotte. Durant le trajet, la dynamo a rendu l'âme, mais comme l'allumage est alimenté par la magnéto, j'ai continué, phare éteint, histoire de garder assez d'énergie dans la batterie pour alimenter le feu stop en prévision de mon arrivée sur Paris, via l'incontournable A6 à partir de Fontainebleau, puis le périph' jusqu'à Saint-Denis.
Au démontage quelques jours plus tard, je constaterais qu'un des charbon usé à l'extrême est sorti de son guide et tout a été arraché dans la dynamo : les lamelles de la piste de contact et la plaque-support en alliage porte-charbon, cassée en plusieurs points.
Durant mon roulage, en croisière à 90 km sur des routes secondaires, quelque part entre la creuse et l'Indre, je me souviens qu'à un moment, le moteur a semblé forcer quelques secondes, le régime a baissé et puis a repris son ronronnement régulier... peu de temps après, je constatais que l'ampèremètre n'indiquait plus la charge... en fait, ça a continuer à charger faiblement sur un des deux charbons, branlant, sur ce qu'il restait de la piste en faisceau de cuivre.
Je me suis arrêté pour contrôler la charge moteur tournant à l'aide d'un multimètre et puis de toute façon, fallait que je regagne Paris avant la nuit... donc, j'ai continué comme ça.
L'Aventure, c'est l'aventure !