LES BAUGES/APERITIF/LES AMES VOLANTES
Posté : 02 mai 2012, 17:07
Lettre du très humble et très obéissant frère Johanes-Ludovicus, de l'ordre des bénédictins, à sa Sainteté le Pape Innocent IV en résidence à Lyon
A Saint Pierre d'Albigny, l'an de grâce 1248, le 26ème de novembre
Très Saint Père,
Ainsi que vous me l'avez ordonné je me suis mis en route, le 22ème jour de ce mois, pour enquêter sur les rumeurs de simonie* courant à propos des savoyards en général et du doyen de la paroisse de Saint André, le père Marco, en particulier.
J'étais, pour ce faire, accompagné du frère Bertie qui, s'il ne brille pas par ses connaissances théologiques, tient au moins de ses origines savoyardes la pratique des langues vernaculaires de ces lieux infestés de brigands et d'usuriers qui profitent du trafic vers la frontière pour rançonner et voler marchands génois, pèlerins et autres voyageurs.
Nous partîmes ainsi, au pas de nos mules, par monts et par vaux
et arrivâmes au matin du 25 novembre 1248 en vue de cette montagne appelée Apremont** qui différait fort de la représentation qui nous en avait été faite et du souvenir qu'en gardait frère Bertie en ce qu'il semblait en manquer une grosse part et portion
impression qui se mua en certitude au fur et à mesure que nous nous en approchions
Disparue la paroisse de Cognin.
Disparue la paroisse de Vourey.
Et celle de Saint-André.
Et celle de Saint-Péran.
Et celle de Granier** : dans la nuit du 24 au 25 novembre, aux alentours de minuit, la montagne Apremont** s'était éboulée
mettant un terme aux horribles péchés de ces savoyards qui ignoraient que plus la vengeance divine se fait attendre, plus elle s'exerce avec rigueur.
Avaient-ils donc oublié, ces orgueilleux, ce qu'il était advenu aux constructeurs de la Tour de Babel
(photographie prise à Saint Pierre d'Allevard)
Arrivés le lendemain de la catastrophe nous ne vîmes pas les âmes des trépassés descendre dans les enfers mais assistâmes à l'assomption de celles des quelques justes que le châtiment divin n'avait pu épargner
pour la plupart, d'ailleurs, des âmes innocentes
dont certaines enlevées par Dieu lui-même
Mais les voies du Seigneur sont impénétrables : si l'on dit que 2.000 personnes périrent dans la catastrophe (ce qui représente la moitié de la population de la ville de Chambéry qui compte 4.000 habitants) les moines expulsés du Prieuré de Saint-André par Marco le simoniaque purent se réfugier dans l'église Notre Dame de Myans et prier la Vierge qui arrêta les rochers au pied de l'édifice sacré.
Quant au père Marco il court encore…
Voici, très Saint Père, la véridique relation que je puis vous faire de la mission que vous m'avez confiée et que la divine providence a rendu inutile.
Votre très humble et très obéissant serviteur en Jésus Christ.
Frère Johanes-Ludovicus
PCC Captain Bertie
* Pour T Max (que les autres m'excusent) : à ne pas confondre avec sodomie.
** A la suite de l'éboulement c'est la montagne qui a pris le nom de la paroisse détruite et une commune au pied de celle-ci qui a pris le nom de la montagne ; quant au champ d'épandage des éboulis (500 millions de m³!) il a pris le nom d'"Abymes" et donne aujourd'hui un vin au goût de roche…et d'enfer ?
A Saint Pierre d'Albigny, l'an de grâce 1248, le 26ème de novembre
Très Saint Père,
Ainsi que vous me l'avez ordonné je me suis mis en route, le 22ème jour de ce mois, pour enquêter sur les rumeurs de simonie* courant à propos des savoyards en général et du doyen de la paroisse de Saint André, le père Marco, en particulier.
J'étais, pour ce faire, accompagné du frère Bertie qui, s'il ne brille pas par ses connaissances théologiques, tient au moins de ses origines savoyardes la pratique des langues vernaculaires de ces lieux infestés de brigands et d'usuriers qui profitent du trafic vers la frontière pour rançonner et voler marchands génois, pèlerins et autres voyageurs.
Nous partîmes ainsi, au pas de nos mules, par monts et par vaux
et arrivâmes au matin du 25 novembre 1248 en vue de cette montagne appelée Apremont** qui différait fort de la représentation qui nous en avait été faite et du souvenir qu'en gardait frère Bertie en ce qu'il semblait en manquer une grosse part et portion
impression qui se mua en certitude au fur et à mesure que nous nous en approchions
Disparue la paroisse de Cognin.
Disparue la paroisse de Vourey.
Et celle de Saint-André.
Et celle de Saint-Péran.
Et celle de Granier** : dans la nuit du 24 au 25 novembre, aux alentours de minuit, la montagne Apremont** s'était éboulée
mettant un terme aux horribles péchés de ces savoyards qui ignoraient que plus la vengeance divine se fait attendre, plus elle s'exerce avec rigueur.
Avaient-ils donc oublié, ces orgueilleux, ce qu'il était advenu aux constructeurs de la Tour de Babel
(photographie prise à Saint Pierre d'Allevard)
Arrivés le lendemain de la catastrophe nous ne vîmes pas les âmes des trépassés descendre dans les enfers mais assistâmes à l'assomption de celles des quelques justes que le châtiment divin n'avait pu épargner
pour la plupart, d'ailleurs, des âmes innocentes
dont certaines enlevées par Dieu lui-même
Mais les voies du Seigneur sont impénétrables : si l'on dit que 2.000 personnes périrent dans la catastrophe (ce qui représente la moitié de la population de la ville de Chambéry qui compte 4.000 habitants) les moines expulsés du Prieuré de Saint-André par Marco le simoniaque purent se réfugier dans l'église Notre Dame de Myans et prier la Vierge qui arrêta les rochers au pied de l'édifice sacré.
Quant au père Marco il court encore…
Voici, très Saint Père, la véridique relation que je puis vous faire de la mission que vous m'avez confiée et que la divine providence a rendu inutile.
Votre très humble et très obéissant serviteur en Jésus Christ.
Frère Johanes-Ludovicus
PCC Captain Bertie
* Pour T Max (que les autres m'excusent) : à ne pas confondre avec sodomie.
** A la suite de l'éboulement c'est la montagne qui a pris le nom de la paroisse détruite et une commune au pied de celle-ci qui a pris le nom de la montagne ; quant au champ d'épandage des éboulis (500 millions de m³!) il a pris le nom d'"Abymes" et donne aujourd'hui un vin au goût de roche…et d'enfer ?