Salut,
ta Bullet est superbe et j'espère qu'elle fonctionne à merveille, ce qui est quand même ce qu'il y a de plus important s'agissant d'un véhicule.
Et oui, selon les photos que tu nous a posté, il s'agit d'une belle moto retapée avec du vrai vieux et du faux vieux de plusieurs périodes s'étalant sur les quarante dernières années. Cadre et carter principal du moteur sont anciens, ainsi que les couvercles de tool-box à embouti plat, tout comme le boîtier de filtre à air ovale... le reste est un assemblage de pièces de Bullet de plusieurs époques. Ainsi, le moyeu-frein AV est celui d'une 500 des années 90-2000, le cache-allumeur est de l'adaptable récent et le carbu indien Mikarb inspiré du carbu japonais Mikuni n’existait pas dans les années 60. A cette époque, Enfield montait un Amal anglais et surtout un Bing (ou copie de Bing) allemand.
Le moyeu de roue AR semble très récent (on dirait qu'il est peint et verni, comme les EFI actuelles).
Le tachymètre est une copie indienne de Smith Chronometric et le contacteur à clef n'a rien à faire sur la console d'instrument (à sa place devrait se trouver le switch d'éclairage en bakélite à 3 positions). Le contacteur devrait se trouver sur le flanc antérieur de la tool-box droite (on dirait qu'il y a encore une serrure en place sur les photos).
La trappe de visite des tiges de culbuteurs devrait être lisse (et non ailetée comme sur ta moto) , peut-être avec des nervures de renfort en croix, mais c'est pas sûr.
Les commandes au guidon sont "récentes" et la selle est "fantaisiste", tout comme le tansad totalement anachronique (dans les années 60, les Bullet indiennes avaient une selle biplace en mousse de latex et garniture en skaï raide tendue sur une épaisseur de vieux journaux). Jusque dans les années 1953-1954, la selle à ressorts montée en Angleterre sur les modèles produits en Angleterre uniquement pour le pilote était parfois accompagnée d'un pouf accessoire en forme de cale fixée directement sur le garde-boue AR... pour les "sportifs" qui se la jouaient en position "limande". Les Indiens qui utilisent leur Bullet en famille (parfois à quatre dessus) au temps où les motos étaient l'unique véhicule d'un foyer pas trop pauvre mais pas assez riche pour posséder une auto n'avaient que faire d'une selle monoplace, luxe impensable et totalement déplacé.
Bref, tu as une jolie moto retapée avec soin, mais son aspect "ancien" ne fera pas illusion chez les connaisseurs spécialistes des motos anciennes. Elle brille trop ! Ceci dit, elle n'est pas plus kitch et toujours moins pire que certaines Enfield tout-à-fait modernes que leurs propriétaires "enjolivent" au gré de leurs propres inspirations plus ou moins folkloriques, un peu comme si on avait greffé un avant de Coccinelle sur une pauvre Golf GTD ou un capot de Citroën 11 "Traction" sur une BX repeinte façon 2CV Charleston, avec enjoliveurs façon roues "fil" (à rayons).
Kubilaï t'indique d'ailleurs les petites modifs a envisager pour lui redonner un aspect un peu plus d'époque, à défaut d'authenticité.
Et si tu veux faire des photos pour instruire un dossier CGC auprès de la FFVE, vire les comodos en plastique (monte des leviers de cyclo en tôle pliée), cache le contacteur à clé sous du chatterton noir, dégonfle les pneus à moitié, dégage cette selle de moto de manège de la Foire du Trône (pose une vielle selle biplace tout craquelée à la place) et "casse" un peu le verni de cette superbe peinture. Pour ça, c'est très simple : tu enduis la moto d'une graisse sale (du cambouis de chez un réparateur de machines agricoles, c'est parfait), tu vas rouler sur des pistes bien poussiéreuses et tu essuies le tout avec les restes de toile brute d'un sac à patates ayant servi à transporter des bouses séchées, préalablement trempé dans des restes de pétrole lampant d'une transparence bien douteuse...
Tu lustres la crasse huileuse pour la finition et là, t'auras une "vieille" de toute beauté !