LA CONSTRUCTION « SANDWICH BOIS MOULE SOUS VIDE »Je vous ai déjà exposé des techniques de construction en bois collé, comme celle en contreplaqué sur ossature bois ou celle du bois moulé sur lisses jointives.
Voici une autre technique de construction en bois collé, expérimentale cette fois.
En 1991, Eric, un copain, m’a demandé de lui dessiner un proto pour la mini transat (transatlantique sur voilier de 6m50) course à laquelle il a déjà participé mais sur un "Coco" bateau de série.
La section bois de l’AFPA d’Auray (à St Goustan) est intéressée à la fabrication du proto, sous réserve qu’il utilise la technique du « sous vide », pour former les stagiaire à cette technique en plein développement.
Cette technique est à cette époque utilisée pour des unités en sandwich à âme Airex (mousse de PVC) et peaux en verre époxy, permet d’employer un minimum de résine pour l’imprégnation des tissus, et donc de réduire considérablement le poids de l’ensemble.
Elle consiste à assurer les collages sous vide, la dépression crée assurant à la pression uniforme nécessaire l’imprégnation des tissus en aspirant l’excédent de résine.
Appliquée à une construction bois, la technique que nous expérimentons est de réaliser sur un mannequin mâle une première peau (celle de l’intérieur de la future coque) en 2 plis croisés contrecollés à l’époxy sous vide de bois tranché, puis de venir y coller l’âme en plaque de mousse d’Airex (toujours sous vide) et pour finir la peau extérieure, elle aussi en 2 plis bois tranché croisés eux aussi collés sous vide.
La réalisation en détail :Fabrication du mannequin mâle de la coque sur gabarits en agglo transversaux et lisses jointives longitudinale en bois, mastiquées à l’époxy chargée (un des procédés de « Strip Planking)
Photo A
Pose d’un tissus d’arrachage (micro perforé) collé époxy pour faciliter le démoulage.
Débits et ajustage et pose du premier pli de lattes de bois tranché fin, tenues provisoirement par quelques agrafes. Débits et ajustage et pose « à blanc » du second plis lattes de bois tranchées de 3mm, croisées à 90° avec le premier tenues provisoirement par quelques agrafes. Ces lattes sont numérotées et déposées sauf une centrale que nous appelleront n°0 pour retrouver un positionnement exact des lattes
Photos B
Maintenant il faut agir vite : Encollage époxy avec durcisseur lent du dessous de la latte n°1 AV par exemple voisine de la n°0 et pose immobilisée par quelques agrafes. Dépose de la latte n°0 qui est encollée et remise en place. Pose alors de l’ensemble des lattes de second pli dans l'ordre vers l'avant et vers l'arrière.
Mise en place d’un tissu d’arrachage, puis de nappes de pression genre Scotch-Brite qui permettent une circulation uniforme de l’air et donc une mise en pression uniforme.
Puis pose d'un polyane épais d’étanchéité , étanché sur toute la périphérie par du mastic et sur lequel son connecté et étanché quelques embouts de tuyau de compresseur.
Les tuyaux son branchés et raccordés à une pompe à vide qui va aspirer l’air toute la nuit, pour mettre en pression les 2 plis de bordés et assurer leur collage. L’excédent de résine est absorbé par les tissus d’arrachage en réduisant le poids du bordé. Le collage s’effectue sous étuve, en quelque sorte, constituée d’une tente en polyane préalablement montée et chauffée à T°constante.
Photos C
Le bordé intérieur étant achevé on encolle et pose l’âme du sandwich en plaque de mousse d’Airex, collé sous vide suivant la même technique. On passe ensuite à la pose du bordé extérieur lui aussi en 2 plis de bois tranché contrecollés sous vide. La coque est ensuite poncée
Photos D
Puis elle est démoulée
Photos E
Dans la coque maintenant à l’endroit sont mis en place un certain nombre d’éléments de structures internes en contreplaqué collés par joint congés d’époxy chargés et renforcés par des bandes stratifiés de verre époxy.
Photos F
Le pont et le roof seront réalisés sur mannequin suivant la même technique.
Photos G et H
Bien sûr l’âme en mousse est remplacée par endroit par du bois massif dans les zones ou sont implantés des élément d’accastillage ou d’équipements de pont (Winches, rails, poulies, chandeliers, taquets…)
Ensuite le pont et le roof sont mis en place sur la coque structurée.
Photos I
Le résultat donne un ensemble infiniment léger et rigide, mais dont le coût de fabrication serait trop élevé pour espérer une réelle diffusion, et ne se justifiait ici que dans le cadre d’une formation de stagiaires à ces technique nouvelles du « sous-vide »
Ce proto fut, dans un premier temps exposé brut à un salon du bois à Nantes. Bel objet au design dont j’étais très fier..
Photos J
Eric, le copain à l’origine du projet, laissa tomber pour raisons familiales il me semble, et j’en entendis plus jamais parler de lui !
Quelques temps plus tard, ce proto fut acquis par un autre navigateur, Joël, qui l’arma, le baptisa « Danses avec les loups » lui fit passer les tests de jauge imposés pour devenir le mini n°229. Mais ce bateau ne couru pas. Dommage car la carène était vraiment en avance sur son temps, j’en reste convaincu !
Photos K
Pour finir l’histoire, l’AFPA, qui ouvrait un département « stratifiés » me demanda l’autorisation de réaliser sur les mêmes mannequins un second proto, en composite verre-époxy cette fois, comme application pour leurs stagiaires stratifieurs. J’ai bien sur accepté.
Quelques années plus tard ce second proto fut acquis par un jeune navigateur expérimenté, Pascal Douin qui le termina et l’équipa pour courir la mini-transat. Ce second proto « night fever », fut mis à l’eau et baptisé en mars 2001, soit 10 ans après sa conception et eut un joli palmarès jusqu’en 2013, dont par exemple dès 2001 une place de 2nd sur 23 au Mini-Fasnet et de 6e sur 70 à la Mini-transat de 2003.
Photos L
A cette époque je venais de tourner la page de l’architecture navale pour un autre métier aussi passionnant, et plus rémunérateur, celui d’enseignant en lycée professionnel !
Il existe encore d’autres techniques de construction en bois que j’ai eu l’occasion d’expérimenter. A suivre donc…
Jp