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La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

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van.alstine
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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 10 déc. 2020, 02:11

Les panneaux furent donc installés dans la pièce à la place des enceintes,
avec le Quad au cul et plus ou moins dans le même positionnement.

Lorsque tout est câblé (contrôlé plusieurs fois afin d'éviter de fumer quelque chose), le moment de vérité arrive avec la mise sous tension.
On met un morceau, on laisse un peu chauffer le bazar puis on monte un peu le volume et va s'assoir dans le canapé.

C'est très déroutant, on sent qu'il y a du potentiel mais là y a vraiment un truc qui ne va pas. :mouais:

Et si on tournait le système de 90° ?
Pas bête, ça permettrait d'éloigner davantage les panneaux du mur arrière car on n'a plus le souci de la porte et de son ouverture.
Et là :blink: c'est plus pareil
en jouant un peu on arrive à affiner l'image, obtenir de la profondeur (malgré la proximité des panneaux par rapport à l'auditeur), et il s'en faut de peu pour que la magie opère.
Au bout de pas mal de manipulations, dont les dernières se firent vraiment dans le détail, on parvient à avoir une belle scène sonore tant en largeur qu'en profondeur, tout en ayant une image crédible, c'est à dire que la chanteuse est centrée et qu'elle n'a pas une bouche de deux mètres de large.

Voilà donc un premier élément à ne jamais perdre de vue.
Un panneau émet vers l'avant, et simultanément vers l'arrière avec la même intensité mais en opposition de phase
il convient donc de "jouer" avec l'éloignement et l'incidence par rapport au mur arrière et éventuellement aux angles de la pièce.

Un autre problème avec les panneaux c'est le grave.

Les Magnepan en faisaient correctement mais autant qu'on peut en attendre d'un panneau, c'est à dire ça ne descend pas très bas et ça manque nettement d'impact.
Et même avec les modèles plus récents et plus gros que mes vieux MG2 c'était certes mieux mais toujours limité.

Comme avec les modèles 3.6 (que j'ai écoutés en version 3.5 puis 3.6)
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ça c'est déjà du lourd, surtout avec les électroniques qu'il y derrière, Mark Levinson en lecture (le truc noir) et Jeff Rowland en almplification,
notez l'éloignement par rapport au mur arrière
et il n'est d'ailleurs pas exclu que les deux cubes soient deux caissons de grave rajoutés.

Et bien entendu les MG 20 que possède un ami en Suisse avec une véritable usine à gaz au cul, en multi-amplification active
il ne veut pas publer de photos de son instal, dommage ça vaut le coup
voici des MG 20, là c'est grand et chaque panneau pèse plus de 40 kg.
"l'heureux propriétaire :mrgreen: " permet de se rendre compte de la taille des machins,
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mais avant ça Magnepan avait fait les modèles Tympani qui étaient encore plus délirants
(au sol les deux blocs mono sont des Spectral 360 watts)
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Les Magnepan ont progressé, au fil du temps, surtout dans l'aigu avec les générations QR (quasi ribbon) où la partie de cellule dévolue à l'aigu fonctionnait comme un tweeter à ruban,
le médium restait toujours le gros point fort mais le grave était victime des principes physiques.

A propos de panneaux à rubans je dois citer le nom d'Apogee
notamment leur modèle Full Range était paraît-il un truc vraiment exceptionnel, mais je n'en ai jamais entendu (il se dit que feu Serge Dassault en possédait une paire dans son hôtel particulier et qu'en France s'il y en a eu 10 paires c'est le bout du monde)
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Martin Logan faisait lui dans l'électrostatique
voici les magnifiques CLS, écoute splendide si on met derrière ce qu'il faut, mais pour le grave ...
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alors Gayle Sanders et ses techniciens ont essayé de coupler ça avec des caissons de grave intégrés comme ces très gracieuses SL3 que des copains ont possédé fut un temps
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mais selon moi ça n'a jamais complètement matché entre la partie électrostatique pour le médium-aigu et le hp électrodynamique pour le grave,
un peu comme un accord de suspension avant/arrière qui ne se ferait pas correctement.

Et comment ne pas citer les panneaux Quad
les ESL 57 (et non, ce n'est pas un radiateur comme le disait un camarade du forum plus haut)
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et les ESL 63
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Parmi les fabricants de panneaux électrostatiques on peut aussi citer Sound Lab
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Et pour la bonne bouche les trucs hybrides avec tweters classiques ou à rubans, médiums à rubans et caissons de grave avec hp électrodynamiques
de chez Infinity
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ou de chez Genesis (Arny Noodle le fondateur est un ancien d'Infinity ...)
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(tiens, au sol à gauche l'ampli est un FM Acoustic, marque suisse que paraît-il Sony Music utilisait dans ses studios comme ampli de référence, j'en ai écouté à quelques reprises avec des résultats très contrastés ...).

Au dodo,
à suivre ;)
Modifié en dernier par van.alstine le 03 janv. 2021, 18:18, modifié 1 fois.


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 10 déc. 2020, 19:29

Dans le domaine de la Hi Fi (comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs) la rencontre avec des gens intéressants est un des principaux attraits de cette occupation, autant que la quête du système idéal.

Parmi les rencontres marquantes il y a inévitablement Dominique Bayle le tenancier du magasin "Hi Fi Provana" rue Provana de Leyni à Nice.
Dans les années 70 finissantes c'était le temple de la Hi Fi ésotérique.
Une vitrine minuscule donnant sur une première pièce où un de ses associés a vendu pendant un moment des disques (et notamment pas mal de gravures directes), un micro couloir toujours encombré de choses et d'autres, et au fond ... l'auditorium qui nous aspirait littéralement à chaque fois qu'on pénétrait dans le bouclar, nous y étions irrésistiblement attirés avec la même force obscure que celle qui pousse les saumons à remonter le courant.

La première fois que je suis rentré j'ai eu un choc
je ne connaissais pratiquement aucune des marques qui étaient là :blink:
A part un ampli Mc Intosh et deux ou trois Quad le reste était une pure découverte.

Un préampli Dayton Wright
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Un ensemble DB System
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Un préampli Rappaport
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Des amplis à tube Michaelson & Austin
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Ou des Luxman à tube qui ressemblaient un peu à ça
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Des trucs français comme l'ampli 2 X100 watts de chez AEM, une fusée qui pétait plus vite que son ombre, il n'y a même pas une photo de dispo, ils ont tous dû brûler (c'est pas des blagues)
ou Audioanalyse en Classe A
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C'est là que j'ai vu Jean Pierre son technicien bidouiller des platine Thorens
entendu pour la première fois le nom de Linn Sondek,
d'Arsiton (qui semblait en être une copie)
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etc ...

Seules les enceintes me disaient quelque chose,
il y avait des Cabasse, des Elipson (et notamment les 1303 qui selon ce qu'il y avait derrière pouvaient faire des choses remarquables)
des Kef (notamment la 105) mais je connaissais alors que leurs petits modèles
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ou des AR 9
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A l'époque on disait que si tu voulais être au vingtième rang de la salle de concert il fallait prendre la Kef, mais si tu voulais être dans les premiers c'est l'AR qu'il fallait.

Des panneaux électrostatiques Dayton Wright (des panneaux qui font de la musique, en 1978 ça me paraissait complètement dingue)
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Et puis j'entendais des noms, pour moi inconnus, mais qui résonnaient déjà comme une sorte d'incantation magique ...
Mark Levinson ...

Peu à peu je commençais à me familiariser avec cet univers et je pouvais entreprendre mon parcours initiatique.

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yvesmetz
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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar yvesmetz » 10 déc. 2020, 23:30

Et de me retrouver avec un son ... anglais ... version christmas pudding (bon, j'exagère peut-être un peu j'en conviens)
plutôt rond, chaud et certes agréable mais ça montait pas très haut, le bas était tout sauf tendu, et au milieu ça manquait cruellement de transparence.
J'étais d'autant plus perplexe que la source était vraiment de qualité (même si la LP 12 a toujours été réputée pour sa douceur plus que pour sa nervosité)
quant au préamp c'était une boule de nerf et un parangon de transparence


Un dico pour comprendre les qualificatifs employés, ça existe ? ... Tu sais, comme pour le vin .
Du mal à saisir tout c'que tu voudrais qu'on sache .
Après, que vaut une installation qui vaut c'qu'elle vaut, mais qui semble "changer" suivant le volume,
les enregistrements, les pressages, et surtout le moment et ma façon d'écouter ?

As-tu des disques, des morceaux, testes ? ... Où s'apprennent les bonnes "choses" ?
Plus simple : sur quoi se baser pour bien démarrer en la matière ?
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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar bri2_06 » 11 déc. 2020, 13:51

https://photos.google.com/photo/AF1QipN ... SKMGh4R2d8
Petite photo de mon install de loin...ampli intégré electrocompaniet eci3, lecteur cd rega apollo, lecteur reseau pionner n50a, enceintes totem arro, je suis satisfait du résultat mais je me dirige vers un changement des enceintes pour tendre encore plus vers mes gouts actuels qui ont évolué avec l'age


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 11 déc. 2020, 19:56

yvesmetz a écrit :
Et de me retrouver avec un son ... anglais ... version christmas pudding (bon, j'exagère peut-être un peu j'en conviens)
plutôt rond, chaud et certes agréable mais ça montait pas très haut, le bas était tout sauf tendu, et au milieu ça manquait cruellement de transparence.
J'étais d'autant plus perplexe que la source était vraiment de qualité (même si la LP 12 a toujours été réputée pour sa douceur plus que pour sa nervosité)
quant au préamp c'était une boule de nerf et un parangon de transparence


Un dico pour comprendre les qualificatifs employés, ça existe ? ... Tu sais, comme pour le vin .
Du mal à saisir tout c'que tu voudrais qu'on sache .
Après, que vaut une installation qui vaut c'qu'elle vaut, mais qui semble "changer" suivant le volume,
les enregistrements, les pressages, et surtout le moment et ma façon d'écouter ?

As-tu des disques, des morceaux, testes ? ... Où s'apprennent les bonnes "choses" ?
Plus simple : sur quoi se baser pour bien démarrer en la matière ?


Pardon Yves, je me laisse emporter et je raconte comme si j'étais sur un forum de Hi Fi avec des habitués de ce type de formule ou d'image :rou:

Où apprendre les bonnes choses ? Il faut du temps, des écoutes, de la pratique, décortiquer et essayer d'analyser ce qu'on entend, ce qui plait ou ne plait pas et pourquoi.
Ce verbiage est utilisé par les essayeurs dans les revues (et il n'en reste pas des masses en français) et il n'y a pas de dico qui t'expliquerait, comme dans le vin, ce que c'est que d'avoir de la cuisse par exemple
pas toujours facile de décrire des sensations avec des mots, mais avec un peu d'habitude on s'y fait car les aficionados parlent à peu près le même volapük.

En théorie on entend de 20 hertz à 20 000 hertz, bon le 20 hertz on le ressent physiquement mais on ne l'entend plus, les 20 000 même les très jeunes ne les entendent pas toujours, alors nous ...
Nous sommes surtout sensibles au médium en général et à la gamme de fréquence de la voix humaine en particulier.
Mais le grave comme l'aigu ne sont pas à négliger, ils sont au contraire fondamentaux dans une écoute "complète".
Le grave donne de l'assise, de la consistance au message musical, et l'aigu de l'ouverture, de la fluidité, de la luminosité.

Alors pour les quelques formules utilisées dans ma description :
"ça montait pas très haut" = ça manquait d'aigu, on sent que la partie la plus haute en fréquence a été rabotée, par le filtre ou le hp va savoir ?
"le bas était tout sauf tendu" = un grave rond, mou, lent, besogneux, à la limite un peu baveux, pas percutant et assez peu différencié, pas articulé du tout (pour reprendre le verbiage)
"au milieu ça manquait cruellement de transparence" = un médium assez chaud mais comme voilé par une espèce de couleur générale, une forme de manque de clarté sur les voix par exemple, comme un objectif qui manquerait de piqué en photographie, les Hi Fistes parlent souvent de transparence.

Le volume sonore modifie en effet notre perception, si le but d'une installation Hi Fi est de coller le plus possible à la "réalité" il faut la juger à un volume proche du niveau réel, si c'est pour avoir un fond musical ou une écoute sympa pendant qu'on vaque à ses occupations ce n'est pas la peine de trop s'investir ni investir.
Il est vrai que le volume sonore "t'implique" dans l'écoute.

La qualité de l'enregistrement est extrêmement importante, comme sa reproduction, que ce soit sur CD ou vinyle, elle détermine une grande partie du résultat final. On se rend compte immédiatement des bons enregistrements ou des merdiques.
Par enregistrement (pour faire simple) on englobe à la fois la prise de son, le mixage, et la façon dont tout ça ressort sur le support.
Le CD étant un fichier numérique, en théorie du moment que l'info est lue elle est lue de façon identique et absolue, sauf qu'il y a des erreurs de lecture qui sont compensées par des circuits d'interpolation qui peuvent influer sur le résultat final.
Sans compter le jitter Fluctuations temporelles rapides affectant un signal numérique dues à des dérives de vitesse d'un support de mémorisation ou à des instabilités d'horloge. Elles ont pour effet de décaler de manière variable dans le temps les transitions d'un état binaire à un autre, ce qui complique la détermination précise du moment où s'effectue une transition. Ce qui explique que les systèmes numériques ont besoin d'horloges qui cadencent tout les éléments qui traitent le signal, horloges plus ou moins performantes.
Le vinyle c'est autre chose, car il y a la qualité du pressage qui entre en jeu, contrairement au CD le niveau de dynamique varie en fonction de la qualité du sillon, de l'amplitude des oscillations que la pointe de lecture va subir en le suivant, du niveau d'usure du disque (plus il est usé et plus le sillon est raboté) et il y a les crachotements...

La psycho-acoustique est un vaste domaine énigmatique ...
A certains moments tu vas être très réceptif à ce que tu écoutes, des fois pas du tout, ça dépend de l'humeur et de choses que je ne saurais expliquer.
Tu prends plaisir ou pas, et quand c'est pas faut pas insister, et sortir la T 120 ;)

Un écoute véritable se fait de façon contraignante, il faut se placer au point d'écoute idéal, et il n'y a généralement qu'une place, le "sweet spot" pour les anglo-saxons.

Pour ta dernière question : "sur quoi se baser pour bien démarrer en la matière"
Lorsque tu vas écouter un système, en fermant les yeux, est-ce que ce que tu entends te paraît proche du réel ou sens-tu qu'on est dans une reproduction, prends-tu du plaisir ou pas ?
C'est souvent le niveau d'émotion qui va être déterminant, on est donc dans une forme d'irrationnel, ça te touche ou pas.
Il m'est arrivé de pleurer lors de certaines écoutes, même en démo dans des auditoriums, et là, tu sais qu'en dehors du fait que tu aimes l'artiste et le morceau, c'est que le système fonctionne.

Il est difficile de résumer en quelques lignes une expérience qui s'appuie sur des années de pratique, et je dis ça sans aucune prétention, car il ne va de même pour tous les domaines. ;)


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 11 déc. 2020, 23:42

Je vous parlais de rencontres et du fameux Dominique Bayle du magasin niçois fin des années 70.
Il arrivait, et je ne sais plus par quel biais, à organiser chaque mois une soirée d'écoute dans un des salons du Negresco, j'ai connu la fin de cette période puisque je n'en ai fréquenté que deux ou trois, mais j'y ai fait un soir ma première écoute d'un "gros système"

Infinity Quantum Référence Source
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ensemble électronique Audio Research
plusieurs amplis D79 (tube)
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D 110 (transistor)
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préampli SP 15
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et Linn LP 12 en lecture.

Inutile de dire que j'étais impressionné, même si d'aucuns trouvaient que etc etc etc ...
moi, je n'avais pas assez de bouteille pour porter un jugement crédible.

Cet ensemble avait été amené me semble-t-il par Philippe Démaret, importateur d'Audio Research, déjà à l'époque.
Il l'est toujours aujourd'hui même si c'est plutôt son fils, François, qui fait tourner la boutique.

Et puis, "Hi Fi Provana" a fermé, je soupçonne un problème d'ordre privé qui en a accéléré la chute, Dominique a réapparu quelques temps plus tard sur Monaco dans une éphémère boutique et il a disparu, je n'ai pas la moindre idée de la suite de son parcours.

Avec ce naufrage c'est la Hi Fi ésotérique qui disparaissait du paysage local pour plusieurs années, certes il restait d'autres boutiques, il y a même eu un Connexion dans le même quartier qui faisait des efforts, mais ce n'était pas la même chose.

Avant la fin du petit bouclar de la rue Provana, un jour un type était en train d'installer un ensemble ampli-préampli,
le gars ne parlait pas un mot de français, avait des pompes anglaises qui semblaient sortir d'une pub John Lobb et déballait des boites en tôle noire aux angles vifs.
Une fois le tout câblé sur des Elipson 1303 il mit un disque sur la platine, laissa chauffer en sourdine un petit moment tout en devisant avec le patron et les curieux de service dont je faisais partie et puis il mit du volume,
ce qui ce jour là sortit des 1303 était magique, sur les petites boites noires aux angles vifs il y avait un drôle de logo et un nom totalement inconnu,
Naim Audio.
Modifié en dernier par van.alstine le 14 déc. 2020, 11:51, modifié 1 fois.

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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar yvesmetz » 12 déc. 2020, 01:09

Grand merci !

Je my retrouve en tout, donc j'y suis sensible, enrichi .
Réceptif m'est arrivé aussi de fondre de mille façons grâce à de la musique, le son en fait partie,
arrivée au bon moment comme par magie .... Voilà le pourquoi d'une installation "correcte", pour pouvoir encore jouir d'instants pareils .
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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 12 déc. 2020, 18:40

Mais c'est avec grand plaisir Yves,
on est là pour échanger, même si c'est virtuellement ...

J'aurais dû faire attention au jargon hifiste, j'essayerai d'expliciter si j'utilise des termes compris des seuls initiés à cette névrose :mrgreen:

Comme tu dis très justement, "arrivée au bon moment comme par magie".
Il m'est arrivé de prendre des claques lors de certaines écoutes chez des copains, dans des auditoriums, dans des salons c'est beaucoup plus rare car il est très peu fréquent de tomber sur un truc bien réglé et qui marche bien.
Un jour j'étais à Paris chez "Adagio" tenu par Dominique Cortopossi si j'ai bonne mémoire, magasin aujourd'hui fermé ...
J'écoutais le système que je lui avais demandé de me constituer autour d'enceintes quasiment identiques aux miennes de l'époque, et j'avais avec moi les quelques CD qui me servaient de disque tests lors de mes écoutes.
On discute et à un moment de la session il me dit : "je vais vous faire écouter un truc surprenant"
Et là j'entrevois la pochette du CD et il me semble reconnaître France Gall
Aiaiaia me dis-je ...
Il s'agissait du morceau "Ella, elle L'a" en version acoustique
A ma grande surprise, comme on dit, je l'ai pris dans la gueule ;)


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 12 déc. 2020, 20:03

Comme je le disais plus haut, avec la fermeture d'Hi Fi Provana à la charnière des années 70/80 c'était la Hi Fi ésotérique qui disparaissait du paysage local pour un bon moment.
De mon coté je lâche l'affaire pendant quelques années après mon retour du sévice militaire (courant 1980) et je me réinscris à la Fac.

C'est en m'installant vers 87 dans ma piaule actuelle que la Hi Fi me reprend, pas de voisins, un maison dans laquelle il va y avoir pas mal de travaux de réaménagement à envisager mais déjà en l'état ça va comme ça.

Et nous en étions restés au système avec les panneaux Magnépan dans mes 12 m² et mon envie de les faire marcher mieux qu'avec le Quad 405 qui s'en tirait assez honorablement néanmoins, mais on est toujours à la recherche de mieux.

Entre temps de nouveaux magasins étaient apparus sur Nice, d'abord "Le Pavillon Musical", spécialiste des marques anglaises et qui à cette époque ne jurait que par Linn Audio et Naim Audio, avec un certain sectarisme mais comme ils connaissaient bien leurs produits ils savaient constituer des systèmes qui marchaient.
Et puis surtout "Audio Feeling" rue Defly
là c'était vraiment une boutique de tarés, la seule digne de succéder à Hi Fi Provana au panthéon des névrosés.

Les tenanciers étaient Dan Bellity et Alexandre Aimo-Boot.

C'est chez eux que j'ai pour la première fois entendu parler de Wadia (qui semblait la référence absolue en matière de conversion numérique)
de California Audio Labs qui faisait des lecteurs de CD avec certains étage à tube comme le Tempest première version, soit disant pour adoucir la raideur de l'écoute CD
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(à cette époque Luxman faisait un truc semblable avec ses modèles 105 et 107 mais pas aux même tarifs)
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J'ai découvert les panneaux Martin Logan, ces merveilleuses membranes en mylar transparent, avec une écoute qui l'était elle aussi particulièrement les CLS vus précédemment, la sensation que la voix était libre, détourée de cette espèce de gangue sonore indéfinissable qu'on retrouve souvent sur bien des enceintes.

Les fameux amplis Krell de Dan d'Agostino :blink: (pute borgne quelle gueule et quelle patate !!!) ça c'était le "petit" 80 watts
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et bien entendu Mark Levinson :love: (ici les 20.6 des blocs mono de 100 watts en Classe A, j'en dirais deux mots plus loin, classe A ou B avec mes mots de non électronicien)
mon coeur a chaviré quand je les ai vus posés au sol dans le fond de l'audito.
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J'étais conquis, j'en voulais, mais il fallait rester dans la limite de mes moyens, donc on attend une occase et on tape plus bas.

Par contre le magasin proposait des électroniques françaises à tube que je n'ai jamais apprécié
à cette époque les Jadis JA 200 étaient le vaisseau amiral de la marque
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Moi je m'en foutais, je voulais du Levinson, na !

Et un jour j'en ai eu l'occasion sur leur plus petit modèle de la gamme, neuf et à un prix canon par rapport au tarif officiel, une histoire de "vider le stock" lors d'un changement d'importateur.
J'ai ainsi pu avoir mon premier Levinson, un ML 11 Image
un petit 2 x 50 watts en classe AB qui sur les panneaux Magnepan a fait vraiment de petites merveilles :D
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Nanamburuke
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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar Nanamburuke » 14 déc. 2020, 01:43

van.alstine a écrit :
Jean Marie Reynaud semble toujours exister Jacky https://jm-reynaud.com/
il ne doit plus être tout jeune le bougre,


:rou:
Jean-Marie Reynaud est décédé il y a bientôt une dizaine d'années maintenant.
Depuis c'est son fils Jean-Claude (ex ingé son) qui a repris les rennes de JMR, qui fabrique toujours d'excellentes enceintes dont la réputation n'est plus à faire.


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 14 déc. 2020, 20:15

Merci Richard pour cette précision ;)

J'en étais resté donc à cette année 1988 lors de l'acquisition de mon premier Mark Levinson :D
voici une particularité des appareils de cette génération, la connectique.
En effet, les liaisons s'effectuaient par des connecteurs standard Camac généralement réalisés par Lemo
ici l'inévitable adaptateur Camac/RCA
la particularité de cette fiche toute petite c'est qu'elle se verrouille et que la masse commute avant le point chaud, ce qui veut dire qu'on peut déconnecter l'appareil en fonction sans risquer de le fumer, sur une fiche RCA standard (c'est à dire ce qu'on appelle communément la cinch, c'est l'inverse).
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voici ce que ça donne sur l'arrière de l'ampli
les deux prises étranges au milieu du panneau arrière étaient censées pouvoir alimenter un préampli comme le ML 12 prévu pour aller avec).
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Dans le monde de la Hi Fi Mark Levinson est une sorte de nom magique un peu comme pourrait l'être Vincent dans la moto par exemple (je sens que je pas me faire que des potes, enfin, laissons râler les râleurs ...)
A la base M. Mark Levinson est bassiste et trompettiste, il a joué avec le gratin, des types comme Coltrane ou Coréa et il est aussi passionné d'électronique.
Il aurait participé à la conception de la table de mixage utilisée à Woodstock et il fonde sa boite "Mark Levinson Audio Systems" au début des années 70.
Il réalise alors avec Richard Burwen le préampli LNP-2 dont les prestations et les spécifications enterrent tout ce qui se faisait à cette époque en terme de dynamique et de rapport signal/bruit. Un produit aujourd'hui mythologique pour un audiopathe
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Il s'essayera aussi à la conception d'un système de haut parleurs de référence constitué de caissons de grave Hartley, de panneaux Quad ESL 57 et de tweeters Deca, le tout alimenté par 6 amplis et filtrage sur mesure, on est au milieu des années 70.
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Puis avec ses deux compères, John Curl et surtout Tom Colangelo ce sera la grande époque de la marque avec des produits comme l'ampli mono 25 watts pure classe A, le ML 2
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ou le préampli ML 7
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Au début des années 80 la société "MLAS" (Mark Levinson Audio Systems) est en difficultés financières, pour faire court elle sera rachetée par "Madrigal Audio Laboratories" qui sera elle même rachetée par "Harman International Industries" qui possède toujours aujourd'hui la marque "Mark Levinson" et qui sort toujours des produits "High End" comme disent les ricains.

Et M. Mark Levinson dans tout ça ...
Au début des années 80 lors de la reprise de sa boite par Madrigal il perd le droit d'utiliser commercialement son nom, il fonde alors "Cello Ltd" avec notamment son compère Tom Colangelo.
Ils réalisent quelques appareils eux aussi au firmament de la Hi Fi comme
le correcteur Auddio Palette
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ou les amplificateurs Performance II
ce sont des blocs mono avec alim séparée et un tunnel de ventilation avec des ventilos silencieux et thermostatés qui maintiennent stable la température des composants (on aperçoit ça sur le bloc du haut à gauche)
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Puis la boite part à nouveau en couille,
Mark Levinson se perdra dans la marque Red Rose Music qui proposera des électroniques à tube ... lui qui n'avait jamais fait que dans le transistor ...
Puis la marque Cello disparut me semble-t-il et une partie de l'équipe, Tom Colangelo et Paul Jayson créeront Viola Labs dans le même esprit que Cello
voici quelques modèles de leurs amplis
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Tom Colangelo disparut il y quelques années de ça lors d'un accident de voiture
et je ne sais ce qu'il est advenu de la marque qui devrait encore exister.

Ceci dit, Mark Levinson fut au départ une marque de la côte Est des Stasunis, Connecticut, et ce fut aussi le cas de Cello et de Viola.

Malgré le départ de Mark Levinson de sa propre société, les productions qui suivirent sont loin d'être indignes d'intérêt
comme le préampli N° 32 que j'ai eu le privilège d'écouter, fameux, le reste du système aussi était à la hauteur, c'est la première fois que j'entendais un piano avec sa taille réelle
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ou les blocs mono N° 33
300 watts mono, ils font 80 cm/ 80 cm et pèsent près de 200 kg l'un :mrgreen:
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ceux là je n'ai pu que les voir à Monaco, ils n'étaient pas branchés
mais par contre j'avais eu le privilège d'entendre les N° 33 H, pour half, en effet, ils en étaient la moitié en puissance (150 watts) et étaient plus petits
mais putain quelle écoute :chapo:
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C'était lors d'une démo sur Nice chez Audio Team rue Verdi, Alexandre Aimo-Boot avait rouvert une boutique après la disparition d'Audio Feeling rue Defly
ce jour là il y avait une écoute sur de grosses enceintes mais j'ai un doute sur lesquelles ...
on commence avec le N° 331 (2 X 100 watts)
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puis on passe sur le 333 (2 X 300 watts) on dirait le même en effet, par contre l'écoute avait changé de dimension par rapport au 331, indiscutablement ça allait bien plus loin
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et on a fini sur les blocs monos 33 H
et là, même s'ils ne faisaient aux mesures que la moitié de la puissance du 333 quelle claque
une ouverture, une dynamique, une capacité à détourer chaque note tout en gardant du liant dans la fluidité de la musique, à coté le 333 semblait pataud alors que c'était malgré tout un ampli déjà exceptionnel.

A suivre ^^
Modifié en dernier par van.alstine le 25 déc. 2020, 12:29, modifié 1 fois.


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 15 déc. 2020, 15:12

Disposant maintenant de mon ampli ML 11 il me fallait le préampli qui allait avec,
j'ai trouvé d'occasion un ML 12 A (le A c'est pour l'alim séparée, car la première version s'alimentait par l'ampli mais pompait un peu de courant à celui-ci)
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que j'ai plus ou moins échangé en rajoutant une soulte avec mon ampli Mc Intosh qui ne m'était plus d'aucune utilité et dont les résultats sur les panneaux avaient été si décevants...
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et j'étais donc l'heureux propriétaire d'un ensemble identique à celui de cette pub
(à noter que c'est juste pour la photo, il ne fallait rien poser sur l'ampli pour le laisser dissiper tranquillement ses calories, et le capot participait à leur évacuation)
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Avec mes panneaux Magnepan dans ma petite salle j'ai passé d'excellents moments d'écoute, et les copains qui venaient repartaient généralement avec des étoiles plein les oreilles.

Quelquefois certains venaient avec des appareils que l'on écoutait en faisant des comparaisons,
un jour on m'a prêté cet ampli dont j'avais beaucoup entendu parler fin des années 70, chez Hi Fi Provana c'était un des très rares produits japonais qui ne faisaient pas frémir d'horreur Dominique Bayle, à l'exception de quelques amplis Luxman à tube et bien entendu des amplis Stax ...
un Pioneer M 22, un 2 X 30 watts en pure classe A
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c'était très loin d'être désagréable à l'écoute, il fallait le laisser chauffer un petit moment avant de le juger, le temps qu'il se stabilise à une température où on ne maintenait pas la main sur les radiateurs,
mais c'était une écoute chaleureuse et ronde, qui manquait de clarté et de vivacité, de toutes façons je n'ai jamais accroché avec les amplis en classe A leur reprochant cet aspect presque monocorde dans leur couleur tonale, mais certains adorent, comme les goûts changent avec l'âge il faudrait peut-être que j'en réécoute aujourd'hui ?
En tous les cas ça marchait tellement mieux à mes oreilles avec mon Levinson qu'il était hors de question que je le remplace.

Et puis ... au bout de quelques années, vers le milieu des années 90, je me suis enfin décidé à entreprendre les travaux que je différais depuis trop longtemps, travaux qui devaient entre autres me permettre de doubler la taille de la salle de musique.
Et comme vous pouvez vous en douter, ce nouvel épisode sera un pas que je croyais benoitement vers l'évidence d'un plaisir simple, et qui allait au contraire me précipiter dans les affres des soucis acoustiques qui ont nécessité les travaux dingues décrits au début de cet exposé. :grmmml:

Sans compter qu'entre temps, après y avoir été longtemps totalement réfractaire, je m'étais finalement laissé aller à acheter un lecteur CD
et là aussi c'était toute une aventure. ;)


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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar van.alstine » 16 déc. 2020, 19:03

Toc toc toc
y a quelqu'un ?

Bon, je continue ma soliloquie.

L'épopée du CD, la mienne en tous cas …

Octobre 1982 lancement du CD au Japon, Mars 83 en Europe et Juin aux Stasunis.

Deux géants de l'industrie se sont associés pour définir le format numérique du CD, le « Red Book », et ils sortent chacun leur lecteur.

Philips le CD 100 (5500 francs à sa sortie)
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Sony le CDP -101 (7500 francs à sa sortie)
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Le Sony est mieux équipé, le Philips semble plus basique, d'ailleurs il travaillait sur 14 bits seulement, le Sony sur 16.

En outre le Philips utilisait un chargement par le dessus avec une trappe alors que le Sony disposait d'un tiroir,
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mais la principale différence entre les deux produits se cachait au niveau de la mécanique de lecture,
Philips utilisait un ensemble de lecture optique (la fameuse diode de lecture) se déplaçant en arc de cercle (système dit radial)
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alors que sur le Sony le bloc optique se déplaçait de façon tangentielle.
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Il se disait que le système de Philips permettait un meilleur suivi de piste alors que le Sony était de son coté plus élaboré au niveau purement électronique.

Autant dire que les premières écoutes furent …..........
« Aïïï, j'ai les oreilles qu saignent » s'exclamera un copain venant comme moi d'une très longue expérience du vinyle et des platines à la Schmurtz, des Cellules à la Ouenesgain sans oublier les bras et les pré-préamp etc etc etc
Il s'agissait du Sony qu'un autre copain venait d'acquérir, il fallait être dans le moove de la modernité selon lui, certes, mais là on a pris cher.
Je ne sais pas ce que donnait le Philips, je crois ne l'avoir jamais écouté, mais ce Sony était d'une raideur et d'une froideur qui nous faisait l'effet d'un sorbet sur une dent cariée.
Par contre, l'absence de bruit de surface, de crachotements etc ... était déstabilisante.

Un des arguments massue à l'époque était le coté inusable du CD (que certains on compris comme indestructible, ce qui a amené pas mal de déboires).
Autant un vinyle se rabote à chaque lecture, autant un CD, du fait de l'absence de contact, ne s'use pas mécaniquement.
Il y eut des soucis au début sur certaines séries, des couches qui se délaminaient ou la laque de surface qui s'opacifiait mais dans l'ensemble le CD a cet énorme avantage de la stabilité dans le temps.
Du coup on s'aperçoit que la façon d'écouter la musique a changé.
En effet, du temps du vinyle on avait plutôt pour habitude de ne pas interrompre la lecture d'une face, désormais un pourra ne sélectionner qu'un seul morceau, faire un saut de plage ou interrompre à tout moment avec une simple pression sur la télécommande (que seul le Sony possédait je crois).

Et pourquoi le CD a-t-il cette taille ?

Ah …

Plusieurs explications se télescopent mais on retiendra que :
un CD de 12 cm de diamètre permet en théorie d'enregistrer 74 minutes et 30 secondes de musique.

Version romantique
Ce serait à la demande de Von Karajan qu'il aurait cette dimension pour pouvoir y faire rentrer la totalité de la 9° de Beethoven enregistrée dans les années 50 à Bayreuth par Furtwängler
et les Japonais ont assuré que c'était à la demande expresse de l'épouse du patron de Sony (M. Akio Morita) qu'il en est ainsi.
Du coté de Philips on assura que 12 cm était la diagonale de la cassette audio, soit.

Version industrielle
12 cm aurait été un compromis,
Philips était prêt à lancer une ligne de production pour une dimension de CD (11,5 cm codé sur 14 bits permettant 60 minutes)
Sony avait travaillé sur un CD de 10 cm mais défendit finalement les 12 cm et un codage sur 16 bits.
Du coup aucun des deux industriels ne disposait d'un avantage de départ sur l'autre, et on en resta à 12 cm.

Pour l'heure les irréductibles dont je faisais partie se refusaient à franchir le pas.
Mais j'étais parfaitement conscient que le CD était l'avenir.
J'ai commencé vers la fin des années 80 à acheter quelques CD sans pour autant avoir de lecteur, ce sera pour plus tard.
Comme le CD se lit sans contact on peut très bien imaginer se constituer une CDthèque qui sera utilisable sur différents appareils.

Néanmoins les lecteurs CD faisaient d'indéniables progrès en termes de qualité de restitution, au début les premiers modèles, que ce soient des Sony, des Philips ou autres industriels qui se lancèrent dans ce qui était devenu absolument inévitable, le sens de l'Histoire (comme on dit), ces premiers lecteurs étaient froids à l'écoute, raides avec souvent des timbres manquant vraiment de naturel, il faut dire aussi qu'on était formaté par des années de vinyle avec ses propres caractéristiques, ses défauts aussi.
Avec le CD on était impressionné par la quasi absence de bruit de fond, le silence entre les notes, mais ça manquait de fruité, de sensualité, presque un coté mécanique dans l'écoute.

Chez Audio Feeling à Nice j'avais entendu des choses qui marchaient vraiment bien comme lecteurs, notamment les fameux California Audio Labs, et un jour un convertisseur Wadia (un X 64)
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Oula ! Indiscutablement ça marche … une vraie claque, le truc tu te dis : "nom de Dieu de bordel de merde , il me le faut !"
Mais c'est trop cher pour moi, en tous les cas à cette époque.

Achetons un truc correct me dis-je et commençons à constituer un fond de catalogue de CD.
Plus tard on sera à temps de voir venir.

Je scrutais donc la production japonaise, certes moins performante que les produits cités plus haut mais nettement plus abordables, je parle des japonais généralistes, pas de marques comme Accuphase ou Micro Seiki qui sont dans des tarifs dignes des productions américaines.

En cette fin d'années 80 sur Nice le magasin généraliste « Hi Fi Coudert » avait un gars, Bruno, qui animait avec beaucoup d'enthousiasme le rayon Hi Fi, j'en ai déjà parlé dans le post où on évoquait les Cabasse.
Un appareil défrayait la chronique, un lecteur japonais pas donné mais pas inaccessible non plus :
le Kenwood DP 1100 SG
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il l'a fait rentrer et on a pu écouter ce lecteur qui allait devenir sa référence dans le magasin en lieu et place du Denon 1500 qui prenait un bon coup de vieux.
Ce Kenwood était vraiment bien construit, deux transfos, un pour la partie analogique et l'autre la partie numérique, un niveau de sortie variable (ce qui permettait d'attaquer directement un ampli de puissance sans passer par un préampli, même si c'est toujours préférable d'en avoir un)
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un réel travail sur l'isolation vibratoire de l'ensemble
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il pesait une douzaine de kilos je crois et coûtait la bagatelle de 6990 francs.

Et ainsi j'acquis mon premier lecteur de CD (que j'ai toujours d'ailleurs). :D

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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar Fonzie » 16 déc. 2020, 19:35

salut ! moi je suis ton post depuis le début et je suis trop impressionné par le niveau et la somme de tes connaissances pour me permettre le moindre commentaire ...( mince , je viens de le faire... :oué: )
Cinq minutes de courage, c’est parfois six mois d’emmerdes en moins…

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Re: La Hi Fi (Haute Fidélité en français)...

Messagepar PRYT » 17 déc. 2020, 00:06

Traiter les problèmes de lecture d'un CD, i-e la lecture d'un fichier informatique, comme on traiterait la lecture d'un microsillin ("fichier" analogique) n'a aucun sens: l'aiguille ne risque pas de sauter !!
Une tribune qui date un peu mais toujours d'actualité:
"Les Dix Plus Gros Mensonges en Audio

Source: The Audio Critic, Peter Aczel, Éditeur, n°20, hiver 2000.

La célèbre boutade de Lincoln, selon laquelle on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps, s'applique mal à l'audio haut de gamme. Vous allez voir ce que je veux dire.

Je suspecte fortement les gens d'être plus naïfs aujourd’hui que dans ma jeunesse. En ce temps-là, nous ne mettions pas d'aimants dans nos chaussures, la police n'utilisait pas des psychologues pour rechercher des personnes disparues et aucun chef d'état depuis Hitler n'avait consulté d'astrologues. La plupart d'entre nous croyait en la science sans aucune réserve. Quand arriva l’ère de la hi-fi, des ingénieurs comme Paul Klipish, Lincoln Walsh, Stew Hegman, Dave Hafler, Ed Villchur et C.G. McProud furent nos sources d'informations en la matière. Les gurus savants sans véritable éducation, ne connaissant pas l'intégrale de X, n'étaient pas encore sortis du néant.
Ne vous méprenez pas. En terme de champs de connaissance existante, le monde audio d'aujourd’hui est clairement loin devant ces temps lointains. À une extrémité du champs, de brillants fabricants surpassent les précurseurs. Du côté sombre néanmoins, un nouvel âge d'ignorance, de superstition, et de malhonnêteté règne. Pourquoi et comment cela est arrivé a été largement couvert dans les numéros précédents de cette publication.

Voici la liste des mensonges proférés par des malins pour piéger les crédules.

Le mensonge du câble
Logiquement ce n'est pas le mensonge par lequel commencer car les câbles sont des accessoires, pas des composants audio principaux. Mais c'est le plus gros, le plus sale, le plus cynique, le plus insultant envers l'intelligence et, par dessus tout, le mensonge le plus frauduleusement profitable en audio. Il doit donc être placé en tête de liste.
Ce mensonge consiste à prétendre que des câbles pour haut-parleurs et des fiches de connexion onéreux produisent un meilleur son que des produits standards, moyenne gamme (du genre de ceux de Radio Shack). C'est un mensonge qui a été montré, mis en disgrâce et réfuté maintes et maintes fois par chaque véritable autorité existante, mais les gurus de l'audio détestent l'autorité et les innocents se font abuser par un charlatanisme destiné à servir ses propres besoins.
La seule vérité est que la résistance, l'inductance et la capacité (R, L et C) sont les seuls paramètres affectant les performances sous le seuil des fréquences radio. Le signal ne sait pas s'il est transmis à travers un câble (RLC) cher ou bon marché. Oui, il faut payer un peu plus que le prix plancher pour des fiches correctes, le blindage, l'isolation, pour éviter des problèmes de fiabilité, et il faut surveiller la résistance pour des connexions longues. En terme de performance électrique simple, néanmoins, un câble fait à partir de cintres redressés avec les bouts dénudés n'est pas d'un iota inférieur à un câble miracle de $2000. Pas plus que ne l'est un classique câble pour lampe à 18c par pied. Les câbles d'un prix extrêmement élevé constituent la plus grosse arnaque dans l'électronique grand public. Observer la capitulation honteuse de la plupart des publications sur l'audio face à la pression des vendeurs de câbles est véritablement déprimant.


Le mensonge des lampes (des amplificateurs)
Ce mensonge concerne également, dans un sens, un problème périphérique, car les lampes sont loin d'être répandues à l'époque du silicium. C'est un mensonge persistant néanmoins dans le marché haut de gamme de l'audio, il suffit de compter le nombre de pages de publicités consacrées aux appareils à lampes à la fin d'un magazine hi-fi typique. Incroyable ! Tout comme l'est, bien sûr, l'affirmation que les lampes sont de manière intrinsèque supérieures aux transistors dans les applications audio.
N'y croyez pas !
Les lampes sont bonnes pour les transmetteurs RF de forte puissance ou les fours à micro ondes, mais au moment de changer de siècle, pas pour les amplificateurs, pré-amplificateurs ou (bon dieu !) les appareils digitaux comme les lecteurs de CD ou DVD.
Qu'y a-t-il de mal avec les lampes ? Rien, vraiment. Il n'y a rien de mal avec des dents en or non plus, même pour les incisives supérieures, c'est juste que l'art dentaire moderne offre des options plus attractives.
Tout ce que les tubes peuvent faire dans un appareil audio, des équipements sans lampes peuvent le faire mieux, à un moindre coût, avec une plus grande fiabilité. Même l'amplificateur à lampes le mieux conçu au monde aura une plus grande distorsion qu'un amplificateur à transistors aussi bien conçu et aura presque certainement besoin de davantage de maintenance (remplacements des lampes, recalibrage, etc...) pendant sa durée de vie.

En ce qui concerne le son des lampes, il y a deux possibilités :
• c'est une invention de l'imagination de l'audiophile influencé;
• c'est une coloration délibérée introduite par le fabricant pour entretenir des préférences altérées, et dans ce cas un amplificateur sans lampes pourrait facilement en imiter le son si le concepteur avait été assez pervers pour vouloir qu'il en fût ainsi.
Néanmoins, il existe des situations dans lesquelles un concepteur d'électroniques hi-fi sophistiquées pourrait envisager l'usage de lampes (par exemple au niveau RF d'un tuner FM), mais ces exceptions rares et pratiquement limitées ne peuvent couvrir les mensonges courants et d'une grande variété des vendeurs de tubes qui veulent qu'on investisse dans une technologie obsolète.


Le mensonge anti digital
Vous l'avez souvent entendu, sous une forme ou une autre : le son digital est largement inférieur à l'analogique ; le son numérisé est comme la photographie basique constituée de points dans un journal ; le théorème de Nyquist-Shannon est faux ; le taux d’échantillonnage de 44.1kHz des disques compacts ne peut pas rendre les hautes fréquences là où il n'y a que deux ou trois points d'échantillonnage ; le son numérique, même dans les meilleurs cas, est dur et haché….etc... radotage ou présentation délibérée sous un mauvais jour. Une fois de plus, ce mensonge a peu d'impact dans la masse chez qui les technologies digitales ont gagné une totale acceptation, mais chez les initiés et parmi les tributaires du monde audio, dans les salons audio haut de gamme obstinés et les salles d'écoutes de divers gurus, cela reste une position intangible.

La manifestation la plus risible du mensonge anti digital consiste à préférer le LP obsolète au CD. Quant à choisir entre la bande master analogique et la bande master numérique, ceci reste une controverse semi-respectable. Mais choisir les clics, pops et craquements du Vinyle plutôt que le silence (pas de bruit de fond) des creux constituant les données numériques, est vraiment un rejet pervers de la réalité.

Voici quelques faits scientifiques que n'importe quel étudiant en électronique (2ème année) peut vérifier pour vous : l'audio numérique possède des arguments irréfutables que l'audio analogique n'a jamais eu et ne peut pas avoir. Les 0 et 1 sont de manière intrinsèque incapables de créer des distorsions dans le signal, contrairement à une courbe analogique. Même un taux d'échantillonnage à 44.1kHz, le plus bas employé dans les applications hi-fi actuelles, restitue plus que fidèlement toutes les fréquences audio. Il ne causera aucune perte d'information dans la plage (des fréquences) audio, pas un iota, pas un scintilla. L'argument "comment restituer 20kHz avec deux points d'échantillonnage ?" est une mauvaise interprétation basique du théorème de Nyquist-Shannon. (Ceux qui ont des doutes devraient prendre des cours élémentaires sur les systèmes digitaux.)

La raison pour laquelle certains enregistrements analogiques sont meilleurs que certains enregistrements numériques sont que les ingénieurs ont fait un meilleur travail concernant le placement des microphones, les niveaux (d'enregistrement), la balance et l'égalisation, ou encore que le lieu de l'enregistrement avait une meilleure acoustique. Certains des premiers enregistrements numériques était en effets durs et hachés, non parce qu'ils étaient numériques mais parce que les ingénieurs pensaient encore analogique, compensant par anticipation des pertes qui n'existaient pas. Les meilleurs enregistrements numériques actuels sont les meilleurs enregistrements jamais réalisés. Pour être juste, il faut admettre qu'un enregistrement analogique réalisé dans les meilleures conditions possibles et un enregistrement numérique enregistré dans les meilleures conditions possibles, à ce niveau de leurs technologies respectives, seront probablement de qualité comparable. Néanmoins, le nombre de Druides Analogiques en adoration devant l'Arbre aux Merveilles décroît rapidement dans l'univers de l'enregistrement professionnel. La solution digitale est simplement la meilleure solution.


Le mensonge contre le test d'écoute en aveugle
Les lecteurs réguliers de cette publication savent comment réfuter les divers mensonges invoqués par ceux qui vouent un culte au haut de gamme pour s'opposer aux tests d'écoute en aveugle (tests ABX), mais une brève explication est nécessaire ici.
La méthode ABX demande que l'équipement A et l'équipement B soit ramenés au même niveau sonore à ± 0,1 dB près, après quoi on écoute aussi longtemps que voulu pour identifier totalement A et identifier totalement B. Si on pense qu'ils sonnent différemment, il est demandé d'identifier X qui est soit A ou B (comme déterminé par un processus de randomisation doublement caché). On est autorisé à faire des comparaisons A/X et B/X à n'importe quel moment, autant de fois voulues pour décider si X=A ou X=B. Comme une réponse au hasard mène au bon résultat 50% du temps, un minimum de 12 essais est demandé pour une validité statistique (16 seraient mieux, 20 encore mieux). Il n'y a pas de meilleur moyen pour déterminer scientifiquement si on affirme juste entendre une différence ou si on peut vraiment l'entendre.
Les gurus vous diront que les tests ABX sont complètement invalides. Tout le monde sait qu'un Krell a un meilleur son qu'un Pioneer, donc s'ils sont indifférenciables dans un test ABX, c'est que la méthode ABX est mauvaise. Logique, non ? Tout le monde sait que Joe est plus grand que Mike, alors s'ils mesurent tous les deux 1,71 m, c'est le mètre ruban qui ne vas pas...logique, non ?
Les objections habituelles des gurus face aux test ABX sont qu'il y a trop de pression (du genre "voyons à quel point vous entendez bien" ), trop peu de temps (du genre "continuez, nous avons besoins de 16 essais" ), trop d'éléments insérés sur le chemin du signal (c-à-d relais, interrupteurs, atténuateurs, etc.) et bien sûr le jargon assorti sur la perception sonore. Ce ne sont que fausses pistes pour détourner l'attention des fondements du contrôle du test. La vérité est que l'on peut faire un test ABX tout seul, sans pression de la part d'autres participants, que l'on peut prendre autant de temps que voulu (pourquoi pas 16 essais en 16 semaines?), et que l'on peut vérifier la transparence des systèmes de contrôle. Ces objections habituelles sont totalement boiteuses et hypocrites.

Voilà comment on met à terre un hypocrite anti-ABX menteur, arrogant et sournois. Demandez lui s'il croit à un type de test A/B. Il dira sûrement oui. Alors demandez lui quelle perspicacité spéciale il gagne à :
• ne pas ramener les niveaux sonores à la même valeur
• regarder furtivement vers les plaques avec le noms des appareils. Regardez-le se tortiller et perdre contrôle.


Le mensonge de la contre-réaction (retour en boucle sur l'amplificateur opérationnel)
Une contre-réaction négative dans un amplificateur ou un pré-amplificateur est mauvaaaaise. Pas de contre-réaction du tout est boooon. Tel est le mensonge largement invoqué.
Le fait est qu'une contre-réaction négative est l'un des outils les plus utiles disponible pour créer des circuits. Cela réduit la distorsion et augmente la stabilité. Seule à l'Âge de bronze de la conception d'amplificateurs (à transistors), dans les années 60 et au début des années 70, la contre-réaction était utilisée de manière si radicale et sans discernement par certains fabricants que le circuit pouvait avoir divers types de problèmes. Ce fut le début du fétichisme anti contre-réaction. Au début des années 80, un nombre de publications fondamentales d'Edward Cherry (Australie) et Robert Cordell (USA) ont, sans l'ombre d'un doute, mis en lumière qu'une contre-réaction négative est totalement négligeable tant que certaines règles sont strictement observées. Assez de temps s'est écoulé depuis pour que la vérité soit comprise.
Les tenants du dogme anti contre-réaction sont soit malhonnêtes, soit ignorants.


Le mensonge du rodage
Ce tissu de conneries largement réitéré consiste à faire croire que les éléments audio électroniques, et même les câbles, produiront un "meilleur son" après une période de rodage de quelques jours, semaines ou mois (oui, mois !). Pure connerie. Les condensateurs prennent "forme" en quelques secondes après la mise sous tension. La tension des transistors se stabilise en quelques minutes (et tout cela ne devrait pas du tout avoir d'importance capitale dans un équipement bien conçu, pour commencer). Il n'y a absolument aucune différence en terme de performance entre la première heure d'utilisation d'un amplificateur (ou pré-amplificateur ou lecteur CD) et la 1000ème. Quant aux câbles, aïe ! Nous avons à faire à des prêtres vaudous audiophiles plutôt qu'à la science.

Les enceintes, cependant, peuvent exiger une période de rodage de quelques heures, peut-être un jour ou deux, afin d'atteindre des performances optimales, cela parce qu'elles constituent des systèmes mécaniques avec des pièces mobiles sous la contrainte qui a besoin d'y régner. (La même chose est vraie pour les appareils à masses mobiles et les armes à feu.) Cela ne veut pas dire qu'une enceinte n'aura pas un "bon son" en sortant de l'emballage, pas plus qu'une voiture avec 15 km au compteur ne sera pas bonne à conduire.


Le mensonge du double câblage
Même des audiophiles plutôt sophistiqués tombent dans ce panneau. De plus les fabricants d'enceintes participent à la mascarade quand ils disent que les deux paires de connecteurs à l'arrière d'une enceinte servent autant à faire un double câblage qu'à bi-amplifier. Certains fabricants d'enceintes aux noms respectés sont coupables de cette prosternation hypocrite face aux dogmes des gurus, dans les faits, ils se soumettent aux "réalités" du marché.
La vérité est que biamplifier a un sens dans certains cas, même avec un crossover passif, mais le double câblage fait partie du domaine de l'auto-persuasion. Si on relie les deux extrémités d'un câble aux connecteurs où sont branchées les extrémités de l'autre câble, absolument rien ne change d'un point de vue électrique. La loi de physique qui dit cela s'appelle le principe de superposition. En termes électroniques, le théorème de superposition dit qu'un nombre de tensions appliquées simultanément à un circuit linéaire résultera à une intensité qui est la somme exacte des courants qui résulteraient si les tensions étaient appliquées individuellement. Le vendeur hi-fi ou l'audiophile qui arrive à prouver le contraire serait instantanément un candidat pour quelques récompenses scientifiques et distinctions académiques. En même temps, il est seulement juste de dire que le double câblage ne fait pas de mal. Il ne fait rien simplement. Comme les aimants dans les chaussures.

Le mensonge du filtre secteur
À peu près tout ce qu'il y a à savoir sur ce sujet a été dit dans les manuels d'utilisation des produits de marque Brysson:
"Tous les amplificateurs de marque Brysson sont fournis avec un circuit d'alimentation de haute qualité destiné à contrer les RF, les piques de tension et les autres problèmes dus au secteur. Les amplificateurs de puissance de marque Brysson ne nécessitent aucun système de filtre secteur spécialisé. Brancher directement l'amplificateur à la prise électrique."
Ce qu'ils ne disent pas c'est que c'est vrai avec tous les amplificateurs bien conçus. Ils ne sont pas forcément tous du niveau de ceux de Brysson en stabilité et en rendement, mais s'ils sont de bonne qualité ils peuvent être directement branchés sur une prise électrique. Si vous avez les moyens de vous offrir un filtre secteur alors vous avez aussi les moyens de vous offrir un amplificateur bien conçu, auquel cas vous n'avez pas besoin du filtre secteur. Il ne fera strictement rien pour vous. (Notez qu'il n'est pas question ici des onduleurs utilisés en informatique. Ces onduleurs coûtent moins qu'une boîte magique Tice Audio, et les ordinateurs et leurs composants sont plus vulnérables que des appareils audio décents.)
Le mensonge le plus gros et le plus stupide à propos du courant "propre" consiste à dire qu'il faut un cordon d'alimentation cher et spécialement conçu pour obtenir le meilleur son possible. N'importe quel cordon capable de supporter les tensions et intensités de l'habitation sera aussi efficace qu'un autre. Les cordons ultra haut de gamme constituent une tromperie. Vos circuits audio ne savent pas ce qui est à du côté (entrée) courant alternatif de l'alimentation, et cela n'a pas d'importance pour eux. Ce qui importe, c'est le courant continu dont ils ont besoin. Pensez à cela. Le tuyau qui a servi à remplir le réservoir a-t-il une importance pour votre voiture?


Le mensonge sur le traitement des CD
Cela remonte à l'époque du Vinyle, quand traiter la surface des LP avec divers liquides et sprays magiques pouvait parfois (mais pas toujours, loin de là) se traduire par une lecture améliorée, spécialement quand des résidus étaient déposés dans les sillons lors du pressage. La logique commerciale mit en avant, dans les année 80 et 90, des produits magiques similaires pour le traitement des CD. Le problème est que la seule chose qu'un CD a en commun avec un LP est qu'on peut mettre des substances grasses sur sa surface. La surface d'un CD est néanmoins très différente. Ses minuscules découpures ne correspondent pas à des lignes d'onde analogique mais contiennent simplement un code numérique fait de 0 et de 1. Ces 0 et 1 ne peuvent pas être "améliorés" (ou "dépréciés" dans ce cas) de la manière dont on peut parfois rendre les sillons d'un LP plus faciles à parcourir. Il n'y que des 0 ou des 1, c'est tout. On pourrait aussi bien polir une pièce de 25c de telle sorte qu'un caissier ne la prenne pas pour une de 10c.
Inutiles les traitement pour CD : feutres verts, sprays ou étiquettes. Les idiophiles qui disent pouvoir percevoir une amélioration ne peuvent jamais, au grand jamais, identifier le CD traité dans un test en aveugle. (Nul besoin d'ajouter que ce qui est écrit plus haut est aussi applicable pour les DVD.)


Le mensonge de l'Oreille (l'ouïe) d'Or
C'est le mensonge multi-usage qui pourrait être classé n°1, mais il peut aussi conclure la liste.
Ceux qui ont une Oreille d'Or (OO) veulent vous faire croire que leur ouïe est si fine, si exquise, qu'ils peuvent entendre d'infimes nuances des sons joués mais trop insaisissables pour nous autres. Absolument faux. N'importe qui sans une ouïe abîmée peut entendre ce qu'ils entendent, mais seuls ceux qui ont la pratique et l'expérience savent qu'en faire, comment interpréter.
Ainsi, si une enceinte a une coupure (de fréquences) à 3kHz, cela ne sera perçu comme une réponse (en fréquences) régulière par personne, oreille en or ou pas, mais seule l'oreille expérimentée identifiera rapidement le problème. C'est la même chose quand un mécanicien identifie pratiquement immédiatement le problème en écoutant le bruit du moteur. Son ouïe n'est pas plus fine que la vôtre: il sait juste ce qu'il écoute. On pourrait en faire autant après avoir travaillé sur autant de moteurs que lui.
Voilà maintenant la mauvaise partie: les Oreilles d'Or auto-proclamées, gurus subjectifs, vendeurs hi-fi haut de gamme, meneurs de clubs audio, et autres, utilisent souvent leur prétendue ouïe supérieure pour vous intimider. "N'entendez-vous pas?" disent-ils en comparant deux amplificateurs. On est supposé entendre un différence entre les deux alors qu'en réalité, il n'y en a pas. Les OO ne peuvent pas l'entendre non plus; ils disent juste qu'ils le peuvent en se fiant à leur statut reconnu d'OO. Triste à voir.
Et la meilleure défense contre le mensonge de l'Oreille d'Or est bien sûr le double test ABX en aveugle (voir plus haut). Ce test fait la distinction entre ceux qui disent entendre quelque chose et ceux qui entendent vraiment. C'est impressionnant le faible nombre d'OO, s'il y en a, avec des résultats aux tests ABX qui correspondent.

Il y a bien sûr davantage de gros mensonges en audio que ces dix-là, mais gardons en de côté pour une autre fois. En plus, ce n'est pas l'industrie audio qu'on devrait blâmer mais la culture de consommation folle associée à l'acceptation d'une science ésotérique. L'industrie audio, spécialement dans le secteur haut de gamme, réagit à peine face au climat ambiant. Finalement, chaque culture a ce qu'elle mérite."
"« Le gros mono : un générateur de bonne humeur à basse fréquence ». Guido Bettiol