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LES CANARDS DE LA CASTAFIORE (I, II et III)
Par Captain Bertie
Article mis en ligne le 27 septembre 2014
dernière modification le 1er octobre 2014

Hergé

LES CANARDS DE LA CASTAFIORE

"Milan, le 11 juillet 2014

Mon cher cousin,

Quel dommage que ton courrier vienne seulement de me parvenir, c’est avec plaisir que j’aurais répondu à ton invitation à te rendre visite à Copenhague si je ne devais partir demain pour Saint-Pétersbourg à la demande pressante d’un certain Putin, président de je ne sais quoi

pour l’inauguration du nouveau théâtre Mariinsky

où j’interprèterai Madame Butterfly…

Pourvu que je ne commette aucun canard !

Le voyage risque de prendre un certain temps car Igor Wagner, mon accompagnateur, ne supportant ni le train, ni la voiture, ni l’avion, c’est en sidecar que nous traverserons la Suisse

puis la France via Ornans

(Jihel reconnaîtra la terrasse de l’autre côté de la Loue et Hiero l’auteur d’un tableau que j’avais faussement attribué à Edouard Manet…)

et Strasbourg

l’Allemagne jusqu’à Lübeck

où nous attendront le capitaine Haddock et son bateau qui, au travers de la Baltique

nous emmèneront à destination

Je suis vraiment désolée, mon cher Jacques, de te faire ainsi faux bond mais je ne suis que l’humble esclave de l’art lyrique.

Ce sera donc pour une autre fois.

Ton affectionnée,

Bianca Castafiore"

Et c’est ainsi que le 12 juillet 2014, prenant place dans le panier de la Royal Enfield de son accompagnateur, lui aussi quelque peu mégalomane

Ici à Friedland (Allemagne)

la célèbre cantatrice visita Marburg, où les pompiers lui donnèrent une aubade

Heidelberg, où les amoureux ont inauguré une charmante coutume

qui a rapidement dégénéré à Lüneburg

veillant à cultiver sa voix et à soigner sa ligne

sans toutefois se laisser influencer par les préceptes locaux

"Chacun balaie devant sa porte et le monde est propre" Goethe

Mais une panne imprévue

heureusement réparée grâce à la générosité d’un motard garagiste de l’ex Allemagne de l’est, Gerd Knopf

Il n'avait pas de chambre à air 19x4 neuve alors il a donné celle de sa propre Norton Commando !

allait la conduire à faire une halte imprévue dans une ville allemande ravissante : Celle.

Et là, alors qu’Igor avait garé l’attelage au coeur de la zone piétonne, devant la mairie sous un panneau "Parking Verboten" et qu’elle venait de troquer son casque pour un panama, la diva entendit une voix de baryton :

"- Bonjour ma cousine"

C’était le cousin Jacques et son épouse danoise Birgit qui auraient dû être chez eux, au Danemark, 400 kilomètres plus au nord !

L’évènement fut fêté, comme il se doit, dans une taverne typiquement tudesque

avant que cousin et cousines ne se séparent

et que, constatant qu’un procès-verbal de 10 € (!) ornait le pare-brise du panier la prima donna assoluta ne déclare à son accompagnateur :

"- Igor, pour cette fois je vous l’offre".

(A suivre)


Hergé

LES CANARDS DE LA CASTAFIORE
(suite)

Après deux jours et trois nuits d’une traversée sans histoire de la mer baltique

la Castafiore et Igor Wagner débarquèrent à Saint-Pétersbourg le 21 juillet 2014

ville merveilleuse s’il en est, de jour

comme de nuit

où, si l’on n’a pas peur de vampires

il est possible d’assister à l’ouverture nocturne des ponts qui relient entre eux les différents quartiers

La soirée au Mariinsky fut, pour la Castafiore, qui ne laissa échapper aucun canard, un véritable triomphe

S'il n'y avait sa voix sublime qui reconnaîtrait le rossignol milanais en perruque noire et kimono ?

mais pas de Putin dans la loge présidentielle...

Qui était donc ce président Putin qui l’avait invitée ?

La réponse allait lui être donnée le lendemain lorsqu’un motard en Harley-Davidson s’approcha d’elle

et lui tendit sa carte

avant de les conduire, Igor Wagner et elle, à travers Saint-Pétersbourg jusqu’au seul bar au monde où l’on entre sans descendre de moto !

Avant de quitter cette cité onirique (surtout en juin, durant les nuits blanches...) la reine du bel canto voulut rendre hommage au ténor italien qui tenait le rôle de Pinkerton dans Madame Butterfly, un certain Marco...

Elle prit donc la pose au pied de la statue de Pierre le Grand

lorsqu’une mariée qui faisait de même

entendant le nom de Marco abandonna illico son jeune époux pour adresser, elle aussi, ses hommages (et même un peu plus) au célèbre chanteur :

(à suivre)


Hergé

LES CANARDS DE LA CASTAFIORE
(suite et fin)

Puis ce fut le retour :

Russie

Estonie, où roulent encore de vieilles motos

Qui saura identifier cette machine ?

Lettonie, dont la capitale, Riga, est aussi affectée par le tourisme de masse que ses soeurs estonienne, Talinn, et lituanienne, Vilnius :

même si, à Riga, la Castafiore pu croire un instant que la ville était peuplée de mélomanes

ou, en tous cas, d’amis des animaux

A Riga le célèbre musée des engins motorisés était en réfection et Igor Wagner dut se contenter d’une exposition temporaire

et si Vilnius lui laissa un bon souvenir c’est que, l’un des roulements de la roue du panier ayant lâché

Les roulements de la roue du panier sont le talon d'Achille de ce type d'attelage. Et je le sais pertinemment. Malgré cela, si j'avais, cette fois-ci, pris une chaîne de secours, j'avais sottement omis d'emporter un jeu de roulements...

il tomba sur le seul sidecariste de Lituanie, un certain Kuzov, qui, concessionnaire KTM (mais roulant en Honda !), lui remplaça les deux roulements en une demi-heure et pour un prix dérisoire

De Lituanie la prima donna passa en Pologne

où elle fit halte à Torun, ville natale de Copernic, dont la statue fascine manifestement la jeunesse à ses pieds

avant d’arriver à Gorzow Wielkopolski, non loin de la frontière allemande, où l’attendait son ami Jean de Pologne (Emergo pour les lecteurs de ce forum).

Et là, miracle, elle qui avait si peur des canards en choisit un

parmi les 60.000 (soixante mille !) de Jean

qui, de son côté, en choisit deux autres pour fêter leurs retrouvailles

C’est ainsi que la Castafiore fut guérie de sa phobie des canards...

Mais les meilleurs moments ont une fin et il fallut quitter Jean pour reprendre la route, sous le soleil jusqu’à Stuttgart puis, sous une pluie froide, jusqu’à la maison

où seule l’arrivée imprévue de la fille cachée du président Putincev, aisément reconnaissable à sa (nouvelle) monture, réussit à ramener le beau temps

FIN

Hergé
P.C.C Captain Bertie

REMERCIEMENTS

- à Bernard Bourasseau qui a su trouver le moteur neuf (EFI !) supprimant toute appréhension de panne loin d’un concessionnaire RE (encore qu’il y en ait un en Russie, mais il se trouve à Moscou),

- à Jean-Michel Ferlin, grâce à qui nous avons pu partir avec un kick qui ne butte pas contre le panier et un phare qui éclaire autrement que par sa veilleuse,

- à Denis Gaget, toujours disponible et souriant, à qui je dois les quelques connaissances mécaniques qui nous ont permis d’échapper, Geneviève et moi, au camping improvisé sur le bas-côté de la route,

- à Marco qui, sous les sapins vosgiens, m’a donné les clefs de l’Administration russe, dissipant, à cet égard, mes dernières interrogations,

- à Emergo dont la gentillesse et l’hospitalité sont telles que, sans être venu à un seul rassemblement de la Royal Association, il a déjà rencontré une vingtaine de ses membres pour les avoir reçus chez lui, en Pologne,

- à la Castafiore, enfin, qui s’est tapé six mille kilomètres à cinquante à l’heure dans un panier sans capote et avec le sourire.

C.B.