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Aux Sources du Gange

Une femme au volant dans l’Himalaya

Article mis en ligne le 6 octobre 2014
dernière modification le 8 octobre 2014

par Agnes Pirlot

Partir faire de la moto dans l’Himalaya, surtout quand on est une femme, ça frime dans la conversation. C’est surtout un défi que je me suis lancé, à l’aube de mes 60 ans. Mais la veille du voyage, je suis moins fière. Est-ce que je serai à la hauteur ? Est-ce que la moto sera agréable à conduire ?

Les organisateurs du circuit, Vintage Rides, une jeune équipe franco-indienne, proposent d’explorer l’Uttarakhand, une région authentique encore un peu secrète située dans les contreforts himalayens. C’est une terre sacrée pour les hindous qui viennent en pèlerinage aux sources du Gange. J’arrive à Delhi en fin de soirée et je rejoins un groupe de français très sympa composé de 11 motards dont 4 femmes pilote et une passagère. Il y a aussi 4 indiens : Ravi, notre guide motard plus 2 chauffeurs dans des voitures d’assistance et un jeune mécano qui fera face aux éventuelles pannes et crevaisons.

Lundi, il nous faudra une journée en mini bus pour rejoindre les piémonts de l’Himalaya. 8 h de route chaotique dans un mini bus vétuste avec un chauffeur indolent mais néanmoins excellent conducteur. La route est bordée d’eucalyptus et de cannabis, de champs de blé et de canne sucre. On zigzague entre des rickshaws, des camions bariolés qui sont les rois du macadam, des tracteurs, des charrettes en bois tirées par des chevaux, des buffles et des boeufs aux longues cornes, des motos transportant le père, la mère en amazone et une flopée d’enfants au milieu, le tout dans un vacarme assourdissant de klaxons. C’est l’Inde telle que je me l’imaginais. Il fait chaud et moite avec des parfums puissants... surtout dans les toilettes ! Arrivée dans le Corbett Tiger Park où on fait une expédition dans la jungle à dos d’éléphant. On ne voit pas de tigres mais des gazelles, des aigles et des singes et on traverse une rivière au soleil couchant. Bienvenue en Inde.

Mardi, nous enfourchons nos Royal Enfield avec un peu d’appréhension. Notre guide Ravi nous donne quelques instructions. En gros, il faut anticiper, klaxonner puis dépasser. Et aussi rester en file indienne et garder ses distances. Nous roulons à petite allure et Ravi, qui est en tête, veille sur nous comme une canne sur ses canetons. Il fait délicieux, beaucoup moins chaud que dans la vallée mais le soleil tape fort. On se croit en Corse avec des forêts de pins ensoleillées. Il y a très peu de circulation. Les routes sinueuses alternent avec des pistes en cailloux. On traverse parfois des petites bourgades animées et ça grouille alors de monde. Les femmes sont toutes en sari et les enfants nous disent bonjour. Ce soir, notre étape à Ranikhet est un lodge dans la montagne à 1800m d altitude. C’est une ancienne maison coloniale d’un anglais avec des rocking chair sous la véranda et même un vieux terrain de tennis. C’est juste incroyable d’être ici.

Mercredi, la moto est apprivoisée et elle devient de plus en plus souple et facile à conduire. Le paysage change car on approche du Népal. A flanc de colline, des rizières en terrasses entourent de petits villages aux maisons blanches. Des vaches sacrées, des cochons, des chèvres et des ânes se baladent sur la route. Les femmes en sari transportent sur leur tête de lourds fardeaux, les hommes nous regardent passer avec bienveillance et nous de petits signes d’encouragement. La route longe une rivière à sec. Sur la corniche, les courbes sont plus longues et on peut enfin passer la 4e. Petite halte dans un marché animé. Il n’y a pas un seul européen et on nous regarde comme des bêtes curieuses. Les gens sont réservés, gentils et très respectueux. En fin d’après midi, le soleil souligne les arabesques vert tendre des rizières. A Kausani, on découvre enfin les sommet enneigés de l’Himalaya. Que c’est beau !

Jeudi, je suis réveillée à l’aube par une bande de singes qui se chamaillent sur le toit plat de l’hôtel. J’en profite pour faire une balade à pied dans le haut du village et visiter l’ashram qui a accueilli Gandhi. En route pour une nouvelle journée à moto. On est maintenant vraiment dans l’Himalaya. Les rivières sont gorgées par l’eau des torrents. Les maisons se colorent de rose, turquoise, mauve, vert d’eau. Il y a tant de photos à faire, les femmes qui travaillent dans les rizières, les petits temples au bord de la route, les gros camions peinturlurés, mais pas le temps de s’arrêter. Il fait plus froid et on sort polar et pantalon de pluie car il commence à pleuvoir des cordes. Les routes sont parfois à peine carrossables. C’est sportif comme conduite. Ceux qui n’ont jamais fait de tout terrain dégustent...

Vendredi, départ pour une belle grimpette et passage du col de Chopta à 2800m d’altitude. Les versants de la montagne sont couverts de rhododendrons en fleurs, c’est magnifique ! Pourtant il fait à peine 5 degrés et la neige n’est pas loin. Dans les villages reculés, les indiens ressemblent plus à des Mongols avec une face très ronde. On redescend sur l’autre versant de la montagne et on suit une rivière au fond d’un canyon. C’est ici qu’il y a eu de terribles inondations l’été passé au moment de la mousson. C’est l’apocalypse. La rivière a emporté des ponts, des routes, des maisons. On se tape 15km de routes en travaux avec des cailloux et de la boue où s’embourbent voitures, camions et motos. Heureusement, notre guide descend de sa moto pour nous aider dans les passages plus difficiles. Finalement, on passe sans problème et on rejoint une corniche. Ravi accélère la cadence, il sent l’écurie. L’hôtel n’est plus très loin.

Samedi, nous traversons la ville de Rudraprayag grouillante de monde. Des vaches sacrées sont installées au milieu de la route provoquant des embouteillages monstres. Tout le monde klaxonne. La chaleur des pots d’échappement et du bitume chauffe à blanc nos motos qui restent coincées dans la circulation. Comme nous sommes équipés pour faire un nouveau col, nous suffoquons sous nos veste, polar, gros gants et casque de moto. Nous quittons enfin la ville pour rejoindre la montagne. Alternance de petites routes et de pistes dans un paysage de rêve pour atteindre un col à 2000m. L’après midi se termine sous un gros orage avec de la grêle. Nous sommes frigorifiés quand nous arrivons à Chamba dans un hôtel en altitude.

Dimanche, réveil par un temps splendide, sur un sommet avec une vue à 360 degré sur les montagnes de l’Himalaya et les pics enneigés. Nous sommes au dessus des nuages et tout près du paradis... Nous partons pour notre dernière matinée à moto avec de beaux lacets dans la montagne puis une longue descente dans la vallée du Gange jusqu’à Rishikesh et Haridwar, villes sacrées pour les hindous. Nous croisons des pèlerins qui marchent à pieds nus avec un pagne orange, un bâton et un gobelet pour recevoir les offrandes. Pendant que le groupe fait du rafting sur le Gange (quelle idée !), je me balade seule à Rishikesh. Ca grouille de hippies en rasta qui fréquentent les ashrams, font du yoga et de la méditation. Il y a aussi des familles hindoues qui se baignent dans le Gange pour se purifier. Nous arrivons en fin d’après midi à Haridwar où nous avons un magnifique hôtel au coeur de la ville sainte et face au Gange. La ville rassemble des milliers d’hindous qui viennent prier, un peu comme à Lourdes. Au soleil couchant, on assiste à la cérémonie du soir où les croyants déposent des offrandes de fleurs éclairées de bougies qui flottent sur l’eau. C’est magique...

L’heure du bilan. Si le voyage a été tellement extraordinaire, c’est grâce à l’organisation et la logistique irréprochables de Vintage Rides. Notre circuit nous a conduits dans des régions magnifiques difficilement accessibles aux touristes. Les hôtels étaient corrects, mais aux normes indiennes, c’est à dire très simples, avec des lits comme des planches et des coupures d’électricité. La nourriture locale a été bien supportée. La cohésion du groupe a été particulièrement harmonieuse tant dans la convivialité que dans les compétences sportives sur le terrain, malgré une mauvaise chute d’un motard qui a du être rapatrié. Un circuit en Royal Enfield est un bonheur accessible aux femmes bikeuses désireuses de jouer les aventurières à moto sur les routes indiennes. Elles sont de plus en plus nombreuses à oser le voyage, rassurées par l’encadrement et séduites par les étapes courtes du circuit qui permettent de savourer toute la magie des paysages.

En pratique : Ce circuit ’Aux Sources du Gange’, Uttarkhand, au volant d’une Royal Enfield 500 modèles 2010 et 2012 avec sélecteur européen est proposé par Vintage Rides (www.vintagerides.com). Formalités ? Passeport, visa touristique, permis de conduire international et une bonne assurance hospitalisation et rapatriement.
Quand partir ? En mars, avril, mai ou octobre, les saisons idéales dans l’Himalaya où la température peut varier de 30°C dans la plaine à 5°C dans les cols à 2800m.