Royal Enfield Le Site

Accueil > Documents > La production de motos Chiang-Jiang

La production de motos Chiang-Jiang

lundi 25 octobre 2021, par Marco

C’était quand même assez confidentiel...

La production de motos Chiang-Jiang (retranscription de China Nanchang Aircraft Manufacturing Company) et dont le nom est celui du fleuve Yan-Tsé démarre à la fin des années 50, quand les Chinois récupèrent les outils et les plans soviétique de la M 72, elle-même copie russe de la BMW R 71 de 1938.

Au début de cette histoire, cette BMW a été refilé en loucedé par les nazis aux soviétiques dans le cadre des accords du pacte "Molotov-Ribbentrop", le fameux accord germano-soviétique de 1939 par lequel Berlin et Moscou s’engageait à ne pas se faire la guerre... Ce pacte comprenait surtout des échanges de matières premières, industrie, métallurgie, blé, pétrole et quelques recettes de coercition barbelée des populations. Avec ce pacte, Hitler avait les coudées franches pour attaquer l’Europe et Staline comptait rafler la mise après que l’Allemagne nazie se serait épuisée à mener sa guerre à l’ouest... mais voyant qu’il allait manquer de pétrole, Hitler rompt ce pacte en 1941 en espérant envahir l’URSS suffisamment pour aller faire main basse sur les champs pétroliers du Caucase... et son IIIè Riech qui devait durer mille ans se cassera la gueule à Stalingrad, en février 1942.

Bref... dès 1940, se croyant peinards pour quelques années, les Popofs commencent à produire la M 72, copie conforme de la BMW R 71, dans des usines à Moscou, Léningrad et Gorki. Quand Hitler attaque l’URSS, les usines sont déplacées en urgence à l’est de l’Oural, notamment à Irbit où la "M72" sera produite, après quelques modifications pour que ces pièces ne soient plus interchangeables avec les motos allemandes, notamment les moyeux de roues et les arbres de transmissions.

Produite attelée en side-car, la M72 est destinée à l’Armée rouge. Après la guerre, les Soviétiques récupèrent de l’outillage et de la technologie en Allemagne et entreprennent de moderniser la M72 avec un moteur culbuté, toujours inspiré des BMW... ces motos deviendront les Oural (IMZ), toujours produites à Irbit et se vendent peu à peu à la population rurale.
Le premier modèle soviétique à soupapes en tête devient la M62 :

C’est là que les Soviétiques refilent leur vieille M72 aux Chinois qui en feront la CJ-750 M1, pour des décennies, afin d’équiper surtout la police et un peu l’armée.

Petit à petit, la M1 se diffuse sur des marchés civils et se voit dotée d’un démarreur électrique en 12 V et d’une marche AR pour devenir la M1M... enfin, un moteur à soupapes en tête voit le jour avec la M1S, toujours dispo en side-car, toujours dans le cadre rigide à suspension AR coulissante dérivée de la M72 russe et au départ, de la R 71 allemande.

Pendant ce temps, le moteur russe de 750 cm3 à soupapes latérales est réutilisé pour d’autres side-car à cadre modernisé avec un bras oscillant, toujours destiné à l’Armée rouge, en provenance d’une nouvelle usine basée à Kiev, en Ukraine, qui deviendront les "Dniepr"(KMZ), notamment les modèles MT 12 (civil) et K 750 (militaire) à deux roues motrices.

La Chiang-Jiang (CJ-750) reste toujours inconnue en Europe, jusqu’à ce qu’un importateur basé à Lyon, MCC, qui importe alors les Enfield-India à la fin des années 80 en France décide, au tout début des années 90, d’importer l’attelage chinois, la CJ-750 modèle M1, sous la dénomination commerciale (en France) de "Black-Star."..

Cet attelage ne fait pas fureur en France, malgré un prix de vente très bas : la qualité est mauvaise, les freins ne freinent pas, les faisceaux électriques sont simplement épissurés, les jantes se cassent et les moteurs lâchent rapidement, incapables de subir le rythme du trafic européen... et puis il faut les bricoler en permanence, ce qui dégoutte les acheteurs. MCC arrête les frais et la Chiang-Jiang retombe dans l’oubli, exhumée sporadiquement par de petits importateurs qui tentent l’aventure en jouant à cache-cache avec les normes d’homologation de plus en plus sévères.

La marque reparaît enfin récemment, Chiang-Jang s’étant mis à produire des motos basés cette fois sur des mécaniques japonaises modernes.
L’attelage actuel "Pékin express" est construit autour d’un bicylindre moderne issu des modèles Kawasaki.

Voilà voilà...

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?