Comme exposé hors sujet dans un autre post, j'ai eu l'occasion de racheter une 750 Kawasaki H2A, modèle 73 à un personnage haut en couleurs, un de ceux qui ont le plus contribué à faire monter la côte de ces engins car il a du réussir à en détruire une cinquantaine, des 500 et surtout des 750 qui étaient ses montures favorites, le tout sans même jamais participer à la moindre compétition, un peu comme ça, pour le fun : un genre d'art de vivre pour certains désœuvrés, au grand dam des amoureux de la mécanique comme moi qui, connaissant le prix des choses et surtout du travail ne pouvaient que déplorer ces mauvais traitements infligés à des mécaniques qui auraient pu être bichonnées par d'autres : j'avais même refusé tout net de lui vendre ma Norton Commando il y a longtemps car il m'était insupportable de la savoir promise à une destruction certaine et rapide entre ses mains!
Enfin, justement, il convient de dire qu'à la fin des années 70 et dans les années 80, il n'y avait pas grand monde qui s'intéressait aux trois cylindres Kawasaki, pas plus qu'aux Anglaises d'ailleurs!
J'avais hésité longtemps entre une 500 Mach III et une 750 H2 lorsque j'avais décidé, la quarantaine ayant arrivé, de m'offrir une de ces trois cylindres qui me tentaient depuis mon adolescence!
La 500, c'est celle qui m'avait fait rêver dès sa sortie, de plus j'en préférais l'esthétique, surtout les blanches de 69 et les bleues, les H1A de 71.
Mon meilleur copain, fondu de deux temps depuis toujours, avait une 750 H2 vieil or de 72 depuis 1976 et j'avais eu l'occasion de rouler avec très souvent, il me la prêtait assez volontiers, de même que sa 500 RG Suzuki, mais cette dernière ne me plaisait pas autant : je n'aime pas les quatre cylindres, fussent-ils des deux temps!
Il m'avait fortement déconseillé la 500 : trop pointue, autonomie ridicule, machine qui traîne par terre, ne freine pas, allumage à rupteurs, prévoir de partir avec un sac à dos plein de bougies et d'un jerrycan de super, etc...
J'avais malgré tout acheté ma belle Mach III blanche et me suis bien amusé avec, malgré les séances fastidieuses de réglage de l'allumage au comparateur tous les 500 Km, la casse aux coupes Moto Légende à Montlhéry (cémentation du vilebrequin partie sur une portée de bielle), les affres de la réparation alors que l'on ne trouvait plus de pièces, car il faut aussi savoir que si ces machines ne sont pas si vieilles - quoi que, le temps passe!

Pour la petite histoire, il avait fallu refabriquer des manetons, adapter des bielles de Jet Ski pour réparer l'embiellage et confectionner des joints labyrinthes pour remplacer les spi centraux qui ne se trouvaient plus!
Enfin, pour en revenir à cette pauvre 750, un jour, coup de fil du copain en question qui me dit que notre destructeur de trois pattes Kawa avait du matériel à vendre, besoin d'argent, etc..., entre autres un lot de roulements neufs achetés dans une vente aux enchères d'une usine en liquidation : je vais voir en traînant les pieds, quatre caisses de roulements et de joints divers, neufs et emballés, au moins 200 Kgs, mais de dimensions que je n'utilisait pratiquement jamais ou de marques qui ne rentraient pas dans mes cahiers des charges, et puis, une H2, la dernière du loustic, dans un état pitoyable de crasse, sous un avant-toit depuis déjà un an ou deux, mais pas à vendre!
Et je lance une boutade : les roulements ne m'intéressent pas, mais la Kawa, si!
Longs palabres s'en suivirent à la fin desquels j'ai pu acheter la moto, mais contraint d'acheter aussi les roulements et de fournir quelques bouteilles de vin, non, pas des pots!

Denys